Le 23 juin, le président Grimpeur a participé à une visio-conférence convoquée par la Sierra Leone à laquelle ont pris part quatre autres pays de la CEDEAO que sont la Gambie, le Liberia, le Ghana, et le Nigeria. Au menu de la conférence virtuelle, la nouvelle monnaie, l’ÉCO. Les échos n’ont pas tardé à se faire assourdissants. Pour cause, à l’origine, la nouvelle unité monétaire était réservée à la Communauté Économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, avec naturellement la satisfaction des critères de convergence indispensables à la réalisation de l’opération.

Malheureusement, le retard dû au problème de convergence complique à souhait les relations avec les pays de l’UEMOA, décidés, eux, d’en découdre avec le franc CFA pour le remplacer par l’ECO. Il n’en fallait pas plus pour que des voix se lèvent pour exprimer de profondes divergences sur la question. Alpha Condé a visiblement opté pour Éco communautaire : «…Il est extrêmement important que nous arrivions à mettre en place l’Eco. Bien sûr, la maladie Covid-19 a atteint nos économies, mais nous devons avoir la possibilité de l’appliquer soit avant le 5 décembre 2020, soit de nous donner une marge. Mais nous devons demander à nos frères de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) de respecter la décision que nous avons prise à 15. C’est-à-dire que la décision de créer l’Eco a été prise par les 15 Chefs d’Etat. Et lors du dernier sommet de la CEDEAO à Abuja, en conclusion sur cette question, le Président Alhassane Ouattara, avant de partir, avait demandé que les techniciens continuent leur travail. Ce qui suppose qu’avant de partir, il était dans l’esprit de la CEDEAO. Nous avons été un peu surpris de la déclaration d’Abidjan et dernièrement de celle de Paris. Donc, il est extrêmement important pour clarifier les choses que le Président du Ghana demande une visioconférence entre les 15 Chefs d’État. Il est évident pour la Guinée que l’Eco reste la monnaie des 15 États de la CEDEAO…»

Les premiers échos assourdissants sont venus d’Abuja, la capitale du Nigéria. Dans une série de tweets, le président Muhammadu Buhari n’a pas manqué de brandir le risque d’implosion de la CEDEAO au cas où l’ECO est adoptée « prématurément.» Il fait allusion au remplacement du FCFA par l’ECO tel que le prévoient les huit pays de l’UEMOA, également membres de la CEDEAO. Il a vertement dénoncé les pays membres de la zone UEMOA, les accusant de vouloir passer à l’ECO avant les autres membres de la CEDEAO. « Cela me donne un sentiment de malaise que la zone UEMOA souhaite reprendre l’Eco pour remplacer son Franc CFA et ainsi aller à l’ECO avant les autres Etats membres de la CEDEAO. » s’est-il indigné. Signe d’un certain malentendu qui est train de s’installer au sein de l’ensemble sous-régional, le président nigérian a pointé du doigt « le manque de confiance » qui prévaut dans les débats devant aboutir à l’adoption commune de la nouvelle monnaie de la CEDEAO. « Il est inquiétant, conclut-il, qu’un peuple avec lequel nous souhaitons nous associer prenne des mesures importantes sans nous faire confiance pour en discuter. » Énième rebondissement dans l’histoire déjà longue de l’Eco.

DS