Le 19 juin, le Président-Grimpeur a fini par remanier son Goubernement. « Sur proposition du Premier mnistre, » Ibrahima Cas Sorry Faux-Fana, le président Alpha Condé a réussi à former un gouvernement bizarre et anticonstitutionnel, composé d’une bagatelle de 38 ministres. Dont huit dames et trente messieurs, tous fidèles serviteurs de la gabegie traditionnelle du Responsable Suprême de Sékhoutouréya. La « nouvelle » équipe ne compte que dix nouveaux membres.

Ce gouvernement est bizarre à plus d’un titre. C’est la première fois que l’on voit un premier ministre choisir des collaborateurs aptes à lui tenir tête. Avec toutes les chances de l’emporter haut la main. Il n’y a pas encore longtemps que Mama Kanny a dénoncé vertement la surfacturation de Kassory Fofana, soupçonné de vouloir faire du Körönavirus une hyper opportunité. Jusqu’à présent, plus d’un citoyen n’est encore fixé sur la nature de l’opération que voulait réaliser le PM. S’agissait-il d’une surfacturation ou d’une surévaluation ? Allez le savoir, peut-être dans les couloirs de la Banque Mondiale !

Quant aux entremetteurs qui ont œuvré pour restaurer la sérénité entre le même Premier ministre et certains de ses anciens amis qui ont voulu lui montrer la limite à ne pas franchir entre amitié et subordination, ils n’ont pas dû entièrement évaluer la portée de leur diplomatie des petits pas. Si ce gouvernement dans lequel Sanoussi Bantama Sow, que vous connaissez, se retrouve ministre d’Etat en compagnie de six de ses homologues, a été formé sur « proposition du premier ministre,» il est fort à craindre que celui-ci ne se mette à penser à l’envers. Et puis, une Guinée exsangue comme la nôtre a-t-elle besoin d’un gouvernement de 38 ministres quasiment à la veille de la présidentielle d’octobre ?

Si au moins tout cela cadrait avec la constitution, on aurait compris. Que nenni ! Le gouvernement pléthorique du 19 juin, « formé, encore une fois, sur proposition du Premier Ministre, » est anti constitutionnel. Ni plus ni moins. L’article 9 de la nouvelle constitution stipule : “Nul ne peut faire l’objet de discrimination du fait notamment de sa naissance, de sa race, de son ethnie, de son sexe, de sa langue, de sa situation sociale, de ses convictions religieuses, philosophiques ou politiques”. Le dernier alinéa précise avec fermeté: « La République affirme que la parité est un objectif politique et social. Le gouvernement et les assemblées des organes délibérants ne peuvent être composés d’un même genre à plus de deux tiers (2/3) de leurs membres. »

En aucun cas, Ibrahima Kassory Fofana ne pouvait, ne devait proposer moins de 13 femmes bien rondes pour un goubernement de 38 ministres. Jusqu’à preuve du contraire, le tiers de 38 fait bêtement 12,66. Puisque les femmes n’acceptent ni de se faire représenter en fractions, ni de se faire couper en morceaux, Kassory n’avait de choix que celui de proposer 13 dames bien rondes. Si son mépris pour l’arithmétique…politique est aussi marqué, il faudra consulter, ou appeler au secours. Ce point précis sur le genre constitue l’une des rares avancées de la constitution de 2020 sur celle de mai 2010. C’est précisément cette partie que le décret d’Alpha Grimpeur a choisi de violer. Un vrai drame ! Pensez-y !

Diallo Souleymane