A quatre mois de la présidentielle du 18 octobre, la Haute Guinée, fief traditionnel et «inconditionnel» du Rpg arc-en-ciel au pouvoir, agite les esprits. Elle sort de sa torpeur pour dénoncer les promesses non tenues du Prési Alpha Grimpeur, qui se trouve être « le fils de la région. » Ses promesses non réalisées ont suscité indignation et colère au sein du populo de la région depuis l’année dernière. L’indignation et la colère deviennent de plus en plus palpables dans plusieurs préfectures. Un mouvement de jeunes dénommé ‘’Electrifions la Haute Guinée’’, semble convaincu que le problème du courant électrique ne sera regelé que si la rue gronde. La patience a des limites, dit-on.

C’est ainsi qu’en début de semaine, une foule de manifestants a déferlé dans le centre-ville de Kankan, après des manifs qui se sont déroulées quelques jours plus tôt à Kouroussa pour des raisons similaires. Le 22 juin, la protestation contre l’obscurité qui enveloppe la ville de Kankan depuis des semaines, aura été de taille. Pourtant, le Prési Alpha Grimpeur pensait avoir résolu l’équation avec dix groupes électrogènes offerts à la ville fin 2019, après tant de remous dus au manque de courant dans les ménages. Selon nos informations, le 24 juin, une rencontre entre les leaders des manifestants et les autorités locales pour discuter de la question, a capoté. D’emblée, Bakary Condé, alias Beky, porte-voix du mouvement ‘’Electrifions la Haute Guinée’’, interrogé par des confrères, a juré la main sur le palpitant que la lutte se poursuivra jusqu’à l’obtention de gain de cause. «Après trois jours de négociations, sans suites favorables à nos revendications avec les autorités pour une meilleure desserte en courant électrique, nous, jeunes, réunis au sein du mouvement « Electrifions la Haute Guinée,» descendrons dans la rue dans un bref délai pour continuer notre combat. En aucun cas, nous n’allons abandonner cette lutte noble pour le bonheur de la Haute Guinée. Notre combat est apolitique. Donc, cela va sans dire que nous mettrons tout en œuvre dans les jours à venir avec des stratégies à l’appui pour une forte mobilisation de la jeunesse afin de réclamer ce droit commun. Nous voulons un barrage hydroélectrique dans la région.» Rappelons-le, le barrage de Fomi, sur le fleuve Niandan, arrive à pas de tortue.

Pour quelle part du gâteau ?

Le 19 juin, le Prési Alpha Grimpeur a secoué le cocotier. Un nouveau goubernement de trente-huit sinistres a été mis en place, toujours conduit par Ibrahima Cas-Sorry Fofana. Si à Mandiana, les jeunes se réjouissent, par une petite fête, de la reconduction de Sangaré Molière, à Kérouané, des jeunes dénoncent le fait de n’avoir aucun de ses fils dans la nouvelle équipe goubernementale. Ils réclament leur part du gâteau. Le statut et la position d’Amadou Damaron-ron Camara, prési de l’Assemblée nationale monocolore, deuxième personnalité de l’Etat, qui se trouve natif de Kérouané, ne leur suffit pas. «Kérouané est qualifiée de bastion du RPG arc-en-ciel. Depuis belle lurette, on ne fait que nous battre pour le parti, mais jusque-là, aucun de nos fils n’a véritablement bénéficié d’une nomination dans le gouvernement du Professeur Alpha Condé. C’est pour vous dire combien de fois on est exclu des différentes faveurs du Rpg. Nous ne pouvons pas continuer à accompagner le parti comme ça, aveuglement. Il faudrait que le Président et le parti revoient le plan par rapport aux différentes nominations dans le gouvernement. Aucun ministre, ni secrétaire général, encore moins un directeur général ou national, natif de Kérouané ! Pourtant, en termes de participation au combat politique pour le Rpg, personne ne peut se comparer à Kérouané. Mais, jusque-là, c’est nous qui sommes marginalisés et abandonnés au bas de l’échelle. Il est important que nous prenions conscience de cet état de fait pour agir rapidement. Kérouané n’a pas de routes. De toutes les promesses qui nous ont été faites, aucune n’a été concrétisée», fustige un responsable de la jeunesse, chez nos confères de Mosaiqueguinée.com. Selon lui, des consultations sont en cours pour organiser une «grande» marche pacifique les jours à venir, afin de faire un clin d’œil au goubernement sur la «précarité» que vit Kérouané, «complètement oublié.» Au train où vont les choses, il n’est pas exclu que ça barde dans la région, car les promesses ne peuvent plus faire l’affaire, que du concret. Rien que du concret. Waillahi !

Yaya Doumbouya