Malgré les campagnes de sensibilisation menées par les défenseurs des droits des enfants, des filles et des femmes, les viols se multiplient en Guinée, surtout ceux commis sur des enfants. La dernière victime est une fille de 2 ans. Elle a été violée par un ado de 17 ans, dans le quartier Yimbaya, commune de Matoto. Sa mère, sous le choc, a expliqué les circonstances du viol. «Ma fille joue souvent avec un petit garçon de son âge, là où on loge. Le jour du viol, j’étais sortie. Cet autre adolescent vient jouer à trois avec eux plus souvent. Ce jour, il a pris ma fille, il l’a enfermé dans la chambre pour faire sa sale besogne. Il a laissé le petit garçon au salon en train de regarder la télé. Dès que ma sœur a constaté l’absence de ma fille, elle a commencé à l’appeler. Elle est entrée au salon et a demandé au petit garçon où est ma fille. Le petit a indexé la chambre. Quand elle est entrée dans la chambre, le jeune faisait semblant de chercher quelque chose. Ma fille était arrêtée près du lit, elle pleurait et transpirait, sa culotte était descendue. Elle a dit à ma sœur « Abou a touché mon coucou (son sexe) ». D’habitude quand je la lave, je lui dis toujours de ne pas accepter qu’on touche son coucou… » Selon dame Diallo, sa fille se tordait de douleur.
La fillette a été conduite à l’hosto, pour des examens qui ont révélé effectivement que la gamine a été «profondément touchée». «On a appelé le tuteur de l’auteur du viol. C’est un militaire. Quand il est venu nous rencontrer le lendemain, il nous a dit qu’il refuse de couvrir les frais des examens médicaux».
Au début, la maman de la gamine hésitait à porter plainte contre l’ado. Mais, dit-elle, au regard de la réaction du tuteur du présumé violeur, elle a saisi les autorités qui l’ont directement mise en contact avec une ONG qui défend les droits des enfants et des jeunes filles. Selon dame Diallo, des démarches auraient été entreprises par des responsables du quartier, pour étouffer l’affaire. Mais, elle a refusé de se laisser faire en déposant une plainte contre le présumé violeur, à la gendarmerie de Bellevue. Ce qui ne semble pas plaire. « Depuis, ma famille et moi faisons l’objet d’insultes et de menaces d’expulsion où nous logeons. Le tuteur du violeur use de tous ses moyens pour nous intimider, il raconte partout que nous ne pouvons rien contre lui ».
Malgré les menaces et intimidations dont elle fait l’objet, Mme Diallo compte aller jusqu’au bout pour que la dignité de sa fille ne soit pas piétinée, car selon elle, si «ce criminel n’est pas puni, c’est sur la fille d’une autre qu’il se jettera un jour ».
Pour le moment, le présumé violeur reste introuvable, bien que la gendarmerie soit à ses trousses. L’ONG le CJFLG (Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée), s’est saisie du dossier et compte rendre justice à cette petite fille, mais également à toutes celles qui ont subi pareille violence. Selon Kadiatou Konaté du CJFLG, la loi est négligée en Guinée. Quand «un violeur est mis aux arrêts, après peu de temps en détention, on le libère. Ce qui est vraiment déplorable. C’est pourquoi j’interpelle l’Etat à jouer son rôle dans cette affaire de viol, parce que chaque acteur concerné, se dit en manque de moyens nécessaires pour jouer pleinement son rôle ; que ce soit à l’OPROGEM ou à la justice», affirme Kadiatou Konaté qui a encouragé Mme Diallo à porter plainte contre le présumé violeur de sa fille.
Kadiatou Diallo