Le juge d’instruction du tribunal de première instance de Mafanco (banlieue sud de Conakry) a libéré mardi soir 14 juillet Seydouba Sacko et Ismaël Condé, respectivement maire et premier vice maire de la commune de Matam, poursuivis pour « abus de confiance et escroquerie » à la suite d’une plainte d’une PME de ramassage d’ordures, Etoile émergente de Guinée. Les deux élus étaient placés en garde à vue, le premier depuis la veille, lundi 13 juillet ; le second, vendredi 10 juillet, au commissariat central de Matoto, puis à la Compagnie mobile d’intervention et de sécurité de Camayenne (commune de Dixinn).
Seydouba Sacko, Ismaël Condé et les plaignants avaient été rudement confrontés lundi soir de 18h à 23h. Le premier, jusque-là libre de ses mouvements, avant d’être soumis à des auditions toute la journée au commissariat de Matoto, a dû passer sa première nuit entre les mains de la police. Le lendemain mardi, les deux prévenus n’ont été déférés devant le parquet du tribunal de Mafanco que dans la soirée. Le procureur de la République, Lansana Sangaré, a transmis le dossier au juge d’instruction qui, finalement, a décidé de remettre les deux élus à leur avocat, Alsény Aïssata Diallo.
Une liberté assortie d’un contrôle judiciaire. « Mes clients doivent se présenter chaque mardi au tribunal pour émarger dans le registre de contrôle, en attendant que le juge d’instruction prenne une ordonnance », précise l’avocat. En tout état de cause, cette libération même contrôlée devrait tempérer les ardeurs. L’Union des forces républicaines de Sidya Touré, formation politique d’appartenance du maire, avait déjà commencé à remobiliser ses troupes pour, dit-on, défendre son militant.
C’est que l’affaire dégage des effluves politiques, en dépit de l’assurance du procureur, des policiers en charge de l’enquête et les plaignants, qui jurent la main sur le palpitant, gérer un dossier de droit commun. Renvoyé du RPG arc-en-ciel (parti au pouvoir), Ismaël Condé déjà connu pour sa farouche opposition à un troisième mandat d’Alpha Condé, venait d’adhérer à l’Union des forces démocratiques de Guinée, le principal parti d’opposition dirigé par Cellou Dalein Diallo. Une coïncidence que beaucoup refusent de croire hasardeuse.
Diawo Labboyah Barry