Le Président-Grimpeur s’est adressé aux Guinéens le 15 juillet pour faire le point de la situation de la Covid-19. Le résultat aura été mitigé, quelque peu subjectif et décevant. A part le décalage du couvre-feu de minuit à 4 h et l’ouverture graduelle des frontières aériennes, rien d’autre, ou presque, à se mettre sous la dent. L’état d’urgence reste de rigueur encore pour un mois. Naturellement, on peut ne pas être définitivement sûr du degré réel de propagation de la pandémie compte tenu de la méthode d’approche de l’ANSS qui met en jeu le nombre de guéris par rapport à celui des contaminés, le nombre des testés positifs par rapport aux négatifs. Si au moins les tests étaient systématiques, l’on serait certainement mieux édifié. Mais enfin…
Ceci étant, on peut facilement comprendre ceux des Guinéens qui n’ont pas compris la base sur laquelle s’est fondé le Président-Grimpeur pour édicter les mesures annoncées le 15 juillet. Si l’ouverture graduelle des frontières aériennes est fondée sur le principe de réciprocité, le retour d’Air France à Gbessia relève certainement de la gentillesse, puisque le ciel de l’espace Schengen reste fermé aux Guinéens. Les nombreux compatriotes d’Alpha Condé, bloqués à Paris et dans d’autres pays d’Europe, sans énergie et sans ressources, pourraient en profiter pour rentrer à Conakry au plus vite.
Il y a aussi que cette « gentillesse » est de nature à décrisper quelque peu l’atmosphère entre le régime grimpeur et les gestionnaires des intérêts français en Guinée. Oui, il y en a, et ça compte. Si d’aventure, l’Afrique du Nord, le Maroc et la Tunisie, notamment, n’étaient pas concernés par cette magnanimité, il faudrait les y inclure. Ce sont eux qui fournissent aux Guinéens l’essentiel de leurs besoins médicaux. Ce sont eux qui pallient les insuffisances du système sanitaire du Président-Grimpeur. Nous avons perdu l’un de nos meilleurs artistes en la personne de Mory Kanté, parce que, confiné en Guinée, il n’a pu rejoindre son médecin-traitant. Également grave, le drame des Guinéens de Tunisie. Ils étaient allés se faire soigner ou accompagner des malades dans ce pays quand les frontières se sont refermées sur eux à cause du maudis virus. Conséquences : quelque 20 morts et beaucoup d’autres qui souffrent encore de faim. Ne sommes – nous pas à 39 morts de Coronavirus, officiellement déclarés à la date du 17 juillet ? Presque la moitié dans d’autres pathologies. Pour la seule Tunisie.
Le commun des mortels ne comprend pas non plus toutes les raisons de la prorogation de l’état d’urgence sanitaire d’un mois, la fermeture des lieux de culte, le port obligatoire des masques à domicile pour ne citer que ceux-là. Peut-être que si l’on avait pris soin de décréter la dissolution du Fndc, de l’opposition, et plus précisément la mort par inanition de la marche du 20 juillet, l’état d’urgence sanitaire n’aurait pas eu besoin de se faire renouveler. Malheureusement, on continue de fermer églises et mosquées pour ouvrir des conventions et autres rassemblements arc-en-ciel au cours desquels on montre des Bantama Sow sans masque en train de haranguer les foules. A la vue de la performance du ministre des Sports, imams et prêtres ont dû se mordre les doigts. En se tournant les pouces. Surtout que les maisons de Dieu ont tout le mal à entretenir la flamme avec les fidèles, le ventre vide. Certaines églises louées chez des privés, n’arrivent plus à s’acquitter de leur loyer mensuel. A l’allure où va le virus de l’administration de la pandémie, c’est la religion elle-même qui court le risque de se retrouver aux urgences.