La fermeture des lieux de culte, mosquées et églises, inquiète la population guinée-haine mais les religieux surtout. Interrogé sur le cas, lundi 13 juillet, El hadj Alpha Mamadou Lamarana Bah, premier imam de la mosquée de Dar-es-Salam 1, affirme que la fermeture de ces lieux où l’on adore Dieu relève du jamais vu. Selon lui, si le président de la République devait fermer, il devrait se tourner vers les marchés et les maquis parce que « les marchés et des lieux de récréation (maquis et autres) sont les lieux propices à la propagation de la COVID-19. Ceux-ci sont ouverts, les mosquées et les églises sont fermés depuis près de 2 mois, c’est du jamais vu ».
Il estime que cette décision n’aurait pas dû être. « Le président de la République décrète la fermeture des mosquées où les fidèles musulmans se rendent à chaque moment pour le Créateur. Il oublie une chose, cette maladie, c’est Dieu qui l’a mise sur nos chemins pour tester notre foi et seul lui peut nous débarrasser d’elle encore. Donc, nous devons prier et lui demander de nous pardonner afin que cette maladie sorte de nos vies ». Il ajoute tout de même, que jusqu’à aujourd’hui, la Guinée n’a pas eu de dirigeants qui accordent de l’importance à la religion, chose qu’il trouve déplorable. « Les dirigeants guinéens négligent la pertinence de la religion, ils se trompent lourdement. Seul Dieu est le maître de tout. D’ailleurs, je dirai que si cette maladie a pris cette tournure chez nous, c’est parce que ces lieux où des invocations et des lectures coraniques doivent être faites ont été fermés, sinon cette pandémie n’allait pas prendre cette ampleur ».

Pasteur David Sandouno, de l’église Assemblée de Dieu de Concasseur, pour trouve choquante cette décision, qui d’ailleurs ne reste pas sans conséquence pour ses fidèles chrétiens. « Depuis cette fermeture des lieux, nous n’arrivons pas à réunir nos fidèles, certains ont la foi plus basse, c’est-à-dire rétrogradé. Et pour les églises qui sont en location, ça devient très difficile pour le paiement du loyer. Les propriétaires sont dures avec nous, ils oublient que nous vivons tous la même situation. Ils nous réclament chaque fois le loyer au plus tard le 5 du mois. Si l’église ne fonctionne pas, ce sera très difficile pour moi de payer le loyer. C’est lors des sessions de prières que nous collectons des fonds. En ce temps de COVID -19, nous passons nos messages sur les réseaux sociaux, mais ce n’est pas tout le monde qui a la capacité d’avoir un téléphone pour se connecter » déplore-t-il.
Ce pasteur prie pour que le prochain décret soit celui de la réouverture de ces lieux de culte parce que dit-il, « cela nous choque de voir les endroits qui sont propices à la propagation de la COVID-19 ouverts comme les marchés, et nous, à l’église, nous prions pour les malades. Ils peuvent nous demander de respecter les gestes barrières et nous imposer même le nombre de personnes qui doivent rester à l’intérieur de l’église lors de la messe. On peut respecter la distanciation sans fermer ces lieux. Nous demandons au Seigneur de toucher le cœur de nos dirigeants afin que ces lieux divins soient rouverts dans les prochains jours ».

Pour terminer, ces chefs religieux exhortent l’Etat à avoir pitié de son peuple et de rouvrir ces lieux dans un bref délai afin de faciliter les prières pour l’éradication de cette maladie.

Kadiatou Diallo