Des violences ont éclaté, vendredi 3 juillet, après l’enterrement des jeunes tués lors des manifestations du FNDC. En fin d’après-midi, plusieurs accrochages ont été signalés entre jeunes surchauffés et farces de l’ordre à Wanindara où Idrissa et Souleymane Barry avaient été assassinés, à Bambéto et à Hamdallaye. Les jeunes y ont érigé des barricades, brûlé des pneus. Les flics, les agents de la police et de la BAC, notamment, ont répliqué avec du gaz lacrymogène. Des coups de feu ont également retenti toute la soirée. Les FDS se sont affrontées avec les jeunes jusque dans les quartiers. A Hamdallaye-Pharmacie, les citoyens ont une nouvelle fois subi les bavures policières. Une dame qui se rendait au chevet de son frère, hospitalisé dans une clinique du quartier, a été molestée. Son mari qui a préféré garder l’anonymat pour une question de sécurité, relate les faits : «Son frère est malade et couché à Hamdallaye. Elle lui envoyait à manger sans savoir qu’il y’avait des problèmes sur la route Leprince. Elle avait demandé à un taxi motard de la déposer. Dès que celui-ci a vu les policiers, il a dit à madame de descendre. Les policiers sont venus l’entourer. Ils ont retiré la nourriture, fouillée la dame, volé son argent et son téléphone avant de la frapper très gravement. Elle a été blessée surtout à la tête. Nous sommes à l’hôpital actuellement. Ce qui fait mal dans ce pays, c’est qu’on n’épargne personne, ni les femmes ni les enfants. On bastonne et on tue tout le monde. Il n’y a pas où se plaindre ».
Selon lui, les flics ont menacé de le tuer lui-même quand il est allé chercher sa femme : «Quand j’ai été informé, je me suis rendu immédiatement sur les lieux pour l’envoyer à l’hôpital. Dès que je suis descendu de mon véhicule, un policier s’est précipité vers moi, en me disant « Monsieur, éloignez-vous d’ici, sinon on va vous tuer». Je lui ai dit que ma femme a été bastonnée, je ne peux pas quitter. Il a tiré du gaz sur moi. J’ai quitté pour sauver ma vie».
Ce père de famille ne compte pas porter l’affaire devant les tribunaux, du fait, dit-il, du laxisme de la justice : «La Guinée est mal barrée, c’est vraiment dommage. S’il y avait une justice indépendante aujourd’hui, j’allais utiliser tous les moyens pour emmerder ce policier, mais malheureusement on n’a pas de justice dans ce pays. La justice que nous avons roule pour les gouvernants. Les victimes n’ont pas où se plaindre. Je suis déçu de la Guinée.»
Yacine Diallo