Depuis l’instauration du couvre-feu pour limiter la propagation de la pandémie de coronavirus, l’insécurité s’est accrue dans la capitale guinée-haine. Dès 23 heures, les agents de forces de désordre, censés assurer la sécurité de la population, se livrent à des exactions dans la banlieue de Cona-crime. Le week-end dernier, au quartier Hamdanlaye, commune de Ratoma, un jeune diplômé a été blessé par balle et plusieurs objets de valeurs subtilisés. Selon Abdourahmane Bah, les agents de la Brigade anti criminalité Numéro 4 et la CMIS numéro 18 serait à l’origine de l’acte.  Ousmane Bah, proche de la victime, explique les faits : « aux environs de 22h 30, les agents de Bac 4 sont arrivés ici, certains sont rentrés et d’autres ont attendu dans le véhicule. Abdourahim a commencé de fermer sa boutique, les agents de force de l’ordre sont venus. Ceux qui le connaissait parmi les agents l’ont salué et ils sont passés, deux d’entre eux ont contourné la boutique, un a dit en soussou ’’a boun à sangnima’’, « Tire sur son pied !» Une dame qui vendait l’atckiéké à côté lui dit : « Abdourahmane, ils parlent de toi, ferme et rentre ! Il ferme la boutique et prend la route. Un des agents lui emboîte le pas et lui tire une balle qui lui transperce l’épaule. Après avoir tiré sur lui, les agents quittent les lieux. On dirait qu’ils étaient venus uniquement pour lui tirer dessus, parce qu’ils n’ont rien emporté. » raconte-t-il, avant de poursuivre que tout, dans le quartier, était calme avant qu’ils n’arrivent. Ils ont brusquement débarqué pour semer la terreur avec des tirs par-ci, par-là. On ne pouvait pas sortir. C’est quand ils sont partis qu’on est sorti, juste pour trouver Abdourahmane à terre, qui criait « Aidez-moi, aidez-moi !» on l’a transporté à l’hôpital ».

Mamadou Kaly Diallo, un jeune de l’axe, membre de l’association La Baïonnette Intelligente, dit être préoccupé par cette pratique qui est devenue récurrente, surtout sur l’axe Hamdanlaye, Bambéto, Cosa, Wanindara. « Ils arrêtent arbitrairement les gens et leur demandent des sommes d’argent. Et quand on demande à un citoyen 800.000 ou 1 000 000 Gnf pour racheter sa propre liberté alors qu’il n’a rien fait, cela n’est pas normal. Ces pratiques sont à condamner avec la dernière énergie », Il interpelle les autorités politiques et judiciaires parce que, croit-il, il est du devoir de l’Etat d’assurer la sécurité de sa population et de ses biens. « Donc, il est inadmissible de trouver de paisibles citoyens qui sont entrain de fermer leur commerce, les tuer ou les arrêter injustement ».

Mamadou Kaly demande aux autorités à prendre des mesures au plus vite pour freiner ce fléau car, selon lui, cette pratique n’honore pas la réforme du secteur de la sécurité qui a été tant vanté pas le président de la République. « Je pense que ça viole totalement les principes républicains des forces de l’ordre et conformément aux engagements nationaux et internationaux, en particulier l’article 3 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et des Citoyens qui stipule que chaque personne a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté ».

Kadiatou Diallo