« Rien n’a bougé pour le moment, on ne nous a rien dit que je puisse comprendre. Si vraiment c’est à cause de cela qu’ils se sont réunis, je pense que rien n’a été fait pour le moment …Je l’ai dit et le redis, nous sommes un peuple debout, nous ne sommes pas un peuple soumis ou résigné. Je préfère mourir martyr que de mourir traître. Les jeunes gens qui ont perdu leur vie ne l’ont pas perdue pour rien. »
Le ton est ferme. Le style, simple. Le message, limpide, à la portée de tous. L’Imam Dicko s’est révélé un parfait pédagogue. Face aux sapeurs-pompiers de la CEDEAO venus sauver leurs propres régimes à travers celui d’IBK, il faut allier pédagogie, fermeté et nationalisme à toute épreuve pour pouvoir affronter « la démocratie du plus fort » du reggae man Alpha Blondy. Le 23 juillet, se sont en chair et os retrouvés à Bamako les plus mobiles des cinq poids lourds qui pilotent à leur guise, les infortunées roues publiques de la CEDEAO. Les pourvoyeurs nocturnes d’armes et de munitions n’y ont pas été admis. Mais personne ne se plaindra d’avoir perdu quoi que ce soit, ni en termes de modernité ni en recherche de solutions.
Se sont retrouvés dans la capitale malienne, Muhamadu Buhari, le chef de l’État du Nigéria, né le 17 décembre 1942, l’Ivoirien, Alassane Ouattara, également en 1942, mais le 1er janvier ; Nana Akufo Ado du Ghana, Mouhamadou Issoufou du Niger, et Macky Sall du Sénégal, qui ont vu le jour respectivement le 29 mars 1944, le 1er janvier 1952 et le 5 décembre 1951. Ce beau monde s’est retrouvé à Bamako pour « montrer la ligne rouge » au peuple malien. Invité à supporter les caprices d’un président périmé, âgé de 75 ans. Les Maliens accepteront- ils de se ranger derrière ces hommes du passé ?
En réalité, du point de vue de l’âge, seul Maquis Sale aurait dû faire le voyage de Bamako, ne fût-il englué dans les mêmes problèmes que son homologue du Palais de Koulouba. Il n’y a entre les deux qu’une différence de degré, non de nature. Le mal gouvernance sénégalaise doit avoir bénéficié d’expédients un peu moins toxiques pour tenir encore un petit laps de temps avant l’émergence des imams un peu partout dans le pays de la Teranga. Ne vous en faites pas, tous les pays africains souffrent des mêmes maux, directement issus de leurs palais pestilentiels ! La différence dans les clameurs publiques ne relève que du tempo.
Le plus choquant dans la médiation malienne, c’est que les médiateurs sont tous de célèbres tricheurs. La base de la tricherie est également connue. Elle s’appelle démocratie. Certains l’appellent justice. D’autres, Etat de droit et que sais-je encore ! Donnez-lui le nom que vous voulez, il ne protestera pas. Il vous attend au tournant nommé « Urne». Quels que soient les ornements qui accompagnent cette urne : administration du territoire, Céni, Cour Constitutionnelle. Elle vous décrira, vous dénudera, vous passera aux Rayons X, au scanner. Immanquablement. Tous les présidents périmés de la CEDEAO qui ont volé au secours du voleur de Bamako savent que nous savons. N’est-il pas choquant d’avoir même essayé ?
DS