Dur de comprendre les actions du régime actuel en Haute Guinée. La région, fief du pouvoir, est en rogne. On leur a promis monts et merveilles, ils estiment que le compte n’y est pas. Manifs à Kankan, Siguiri pour le respect des promesses tenues: courant, eau, routes, etc… Un ténor du RPG arc-en-ciel s’est désolidarisé plusieurs fois de cette situation et aurait déjà démissionné.

Alors que des tractations sont en cours pour calmer les esprits et ramener tous les grognards à la maison (ou à la raison, c’est selon), le régime coffre l’imam Nanfo Diaby, le bonhomme qui dirige les prières en maninka. En Islam, on fait ça en arabe, un poing c’est doux ! Allah lé ka bo !

Où le bât blesse ? La Guinée est officiellement un ÉTAT LAÏC. Deux mots, deux concepts qui lui posent problème.
– Un État ne s’engage jamais à la légère. La promesse est une dette, si farfelue soit elle. Si l’État promet des barrages à la Haute Guinée, c’est que c’est possible ! S’il ne les construit pas, il est en faute. On parle beaucoup de respect de l’autorité de l’État, mais on ne respecte pas les menteurs.

– Un État laïc ne se mêle pas de questions religieuses. Toutes nos constitutions, contestées ou pas, reconnaissent la liberté de religion. Des gens qui se disent musulmans et qui prient en chinois, ou font le pèlerinage autour de leur frigo, ça ne regarde pas l’État. C’est une affaire entre musulmans. L’État n’est pas musulman. Il aurait dû répondre “Anawotagui !”.
Aucune loi n’interdit d’ailleurs à qui que ce soit en Guinée de le faire. Chacun est libre de croire ce qu’il veut. Coffrer quelqu’un parce qu’il n’adhère pas pleinement à une religion est une violation de ce principe.

Pourquoi arrêter Nanfo Diaby, du coup ? Est-ce pour rajouter à la liste des mécontents ceux qui prient en maninka ? Ou pour renforcer la frustration de la frange des grogneurs qui prient avec Nanfo Diaby ?
Pour son propre bien, l’État doit libérer Nanfo Ismaël Diaby. Entre la COVID 19, les promesses non tenues, les crises sociale, politique, juridique, économique que le pays traverse, son image de république bananière avant-gardiste et innovante, il a suffisamment de problèmes à gérer.

Mohamed Diallo