Il y a trois jours, Issiaga Keita, la trentaine a été tué, puis tailladé, découpé et ses organes génitaux coupés, alors qu’il était en garde-à-vue à l’escadron mobile No18 de Cosa, commune de Ratoma, dans la haute banlieue de Cona-crime. Le silence assourdissant de la gendarmerie a donné lieu à plusieurs versions du meurtre.
La plus répandue, distillée par les pandores à la famille, affirme qu’Issiaga Keita a été exécuté par son codétenu, Moussa Traoré, avec «un morceau de tôle», aux environs de 2 heures, dans la nuit du mardi au mercredi 1er juillet. Le présumé criminel avait été aussi arrêté lui aussi le même jour pour vol, et placé dans la même cellule qu’Issiaga Keita. Selon un confrère, Moussa Traoré serait détenu en lieu secret. Mais depuis, ni l’escadron mobile, ni la Gendarmerie nationale n’ont daigné communiquer.
Issiaga Keita a été interpellé le 30 juin dernier par l’escadron mobile n0 18 de Cosa, puis placé en garde-à-vue. Sa mère, Djénéba Condé, explique : «Issiaga Keita a abandonné les études en classe de 12ème année. Mais depuis, il venait tous les jours me demander de l’aider pour avoir un travail. Le mardi dernier, il a insisté qu’on l’aide. Je lui ai alors dit de patienter un peu, que je suis en train de mener des démarches dans ce sens. Mais il n’a pas accepté. Dans nos disputes, il a cogné un motard par inadvertance qui est tombé sur la voie publique. Ce dernier a saisi la gendarmerie de Cosa qui est venue arrêter mon fils».
Selon nos confrères de Visionguinee, Moussa Traoré, a déclaré qu’il s’est servi d’un morceau de tôle pour mettre fin aux jours de son codétenu. «On m’a demandé de faire un sacrifice humain. Et j’ai eu la possibilité de le faire avec mon codétenu.»
Les images du drame, prises après le crime, sont insoutenables. C’est un corps tailladé, meurtri, décapité et balafré dont les organes génitaux ont été coupés, qui a été découvert dans la cellule le 1er juillet. Mais comment, s’interroge sa mère. «On a trouvé la tête coupée, les pieds coupés, les parties intimes coupées. Les gendarmes disent que mon fils a trouvé la mort lors d’une bagarre qu’il a eue avec son codétenu. Ce qui n’est pas vrai. Parce que lorsque quelqu’un est mis en prison, on lui retire même la bague. L’autre mensonge est que comment des gens peuvent se battre au sein d’une gendarmerie sans que les agents ne soient informés», murmure la dame.
A l’escadron mobile No 18, les gardes ne manquent pas, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’enceinte. Un drame d’une telle cruauté ne peut survenir dans une garnison de pandores, sans que personne ne s’en rende compte, ne serait-ce que les complaintes ou le bruit de suite à l’altercation entre les deux détenus, car certainement que la victime s’est débattue avant le coup fatal.
Comment le présumé meurtrier s’est-il procuré «une arme blanche» ou quelque chose de tranchant, sans une complicité en interne ? Le 3 juillet, nous nous sommes rendus à l’escadron mobile No 18 de Cosa, en vain. L’accès nous a été refusé. Tout simplement. Le commandant de l’escadron, avec son équipe, s’est rendu à la famille de la victime pour présenter ses condoléances, le 1er juillet. Il a donné un sac de riz et une somme d’un million de francs glissants, mais cela n’a pas empêché les jeunes du quartier de manifester pour réclamer justice.
Inconsolable, dame Djénéba Condé souhaite tout savoir. «Je veux savoir comment mon fils a été tué et pourquoi il a été tué. Lorsque je le saurai, je vais voir si je peux pardonner ou pas. Mais jusqu’à preuve du contraire, je ne pardonne pas. Je demande aux autorités judiciaires et même l’armée de faire toute la lumière sur la mort de mon fils. Je souhaite que justice soit rendue. Déjà, j’ai des doutes sur un gendarme qui est en service à l’escadron mobile N°18 de Cosa. C’est lui qui a arrêté mon fils. Il a dit ici devant témoins : « Petit, cette fois-ci, tu vas me connaître. Tu vas regretter ton acte.» Donc, je souhaite que justice soit rendue autour de la mort de mon fils.» A présent, la devanture de l’escadron mobile No 18 de Cosa est cernée par des pandores. Ils rôdent dans tous les sens, des pick-up en stand-by. C’est nettement plus facile.
Yaya Doumbouya