L’état d’urgence sanitaire instauré début avril devait expirer mercredi 15 juillet. Mais Alpha Grimpeur l’a prolongé pour 30 autres jours, alors que bien des Guinéens s’attendaient à un allègement profond à défaut de sa levée définitive. Outre le décalage de l’horaire du couvre-feu, l’ouverture graduelle des frontières aériennes…toutes les autres mesures, respectées ou non, restent maintenues. La fermeture des frontières terrestres, des lieux de culte, l’interdiction de tout attroupement de plus de 20 personnes demeurent intactes. Ces mesures ne passent plus, notamment chez certains acteurs de la classe politique guinéenne qui estiment que le chef de l’État prive le populo de sa « liberté » pour des fins politiques. Saïkou Yaya Barry, secrétaire exécutif du parti UFR explique : « Ces mesures n’ont plus leur raison d’être en Guinée. A partir du moment où nous voyons le parti au pouvoir tenir des conventions, se prendre dans les mains, se faire des accolades dans des rencontres sans distanciation,  cela prouve à suffisance que c’est un leurre. Les Guinéens doivent se rendre définitivement compte que cet état d’urgence n’est fait que pour permettre à Alpha Condé de dérouler son programme de 3è mandat ».

La prorogation de l’état d’urgence intervient au moment où le FNDC projette une manifestation le 20 juillet prochain. Le Front entend une nouvelle fois demander le départ du Grimpeur. Mais contrairement aux autres manifs, le FNDC n’a pas souhaité adresser des lettres d’information aux différentes mairies de Cona-cris. N’empêche, le populo est appelé à sortir massivement, selon Saïkou Yaya Barry : « Nous devons nous mobiliser et faire en sorte que ce système soit foutu dehors. Ceux de la Haute-Guinée ont démontré qu’Alpha n’est pas là pour eux. Ils ont commencé à prendre conscience, ils cherchent à se tirer d’affaire. C’est ce que nous devons tous faire. Tout cela est fait pour empêcher l’opposition, les Guinéens en général, de bouger. Les citoyens guinéens doivent le défier parce que ce ne sont pas les militants de l’opposition seulement qui en souffrent. Alpha n’est pas là pour nous aider, il veut simplement continuer à gouverner à vie. Le 20 juillet,  il faut que les Guinéens sortent un peu partout parce que le système Alpha Condé a tué plus que le Coronavirus. Il faut le combattre. »

Les accrochages semblent déjà inévitables entre manifestants et forces de l’ordre. D’autant plus que les sinistres de l’Administration du trottoir, de (l’in)sécurité ont déjà menacé de mater toute personne qui se hasarderait à répondre à l’appel du Front.

Yacine Diallo