Mahmoud Dicko a lancé le 12 juillet, un appel aux manifestants à « ne pas casser » lors de leurs actions de protestation. Sur la radio Nièta, rapporté également par nos confrères de maliactu.com, l’imam a estimé que la lutte doit continuer mais sans violence. « Ne laissons pas qu’ils nous poussent à la faute ou qu’ils aient l’occasion de nous faire porter le chapeau pour des actes de vandalisme », a indiqué le leader religieux. Selon l’autorité morale du M5RFP, il n’est pas question d’abandonner le combat jusqu’à l’atteinte de l’objectif. Cependant, comme il a toujours exhorté, il demande aux Maliens à « agir dans le calme, à ne pas commettre l’irréparable ». Il ne faut pas qu’ils fassent de nous les destructeurs du pays ».

L’ancien Président du Haut Conseil islamique du Mali rassure sur le sort des responsables du mouvement arrêtés par les forces de l’ordre, « ils devraient être libérés avant la fin de la journée. C’est la promesse qui m’a été faite.», De peur qu’il soit également interpellé, plusieurs partisans sont massés devant le domicile de l’imam depuis le 11 juillet. Dans la soirée, une tentative des forces de l’ordre d’encercler le lieu s’est achevée par la mort de civils. On compte actuellement onze morts au lieu de quatre, dont un Guinéen, semble-t-il, et de nombreux blessés.

Mahmoud Dicko a rendu hommage à ces jeunes tombés sous les balles et à toutes les autres victimes des derniers événements. S’agissant de sa propre personne, l’imam a levé les inquiétudes. « Je me porte bien, que tout le monde se rassure.» Il a conclu en réaffirmant sa détermination. Ci-joint, le communiqué conjoint des représentants de la CEDEAO, de l’UA, de l’UE et des Nations Unies au Mali, publié le 12 juillet :

« Les Représentants de la CEDEAO, de l’Union Africaine, de l’Union Européenne et des Nations Unies en République du Mali sont très préoccupés par l’évolution de la situation sociopolitique au Mali, suite au meeting du 10 juillet 2020 organisé par le M5-RFP. Ils regrettent que des édifices publiques et privés soient pris pour cible avec des violences ayant entrainé des pertes en vies humaines, de nombreux blessés et la dégradation des biens de l’Etat et des particuliers.

Les Représentants présentent leurs condoléances les plus attristées aux familles éplorées et souhaitent un prompt rétablissement à tous les blessés. Ils condamnent avec vigueur toute forme de violence comme moyen de règlement de crise sociopolitique.»

Ils condamnent l’usage de la force létale dans le cadre du maintien de l’ordre et invitent toutes les parties prenantes à la retenue et leur demandent de toujours privilégier le dialogue, la concertation et les canaux pacifiques de résolution des crises.

Les Représentants marquent leur préoccupation concernant l’arrestation des leaders du Mouvement M5-RFP, toute chose qui ne permet pas au dialogue prôné par le Président de la République et le Premier ministre de se tenir en toute sérénité. Ils invitent donc le Gouvernement à créer les conditions du dialogue politique, notamment par la libération de ces leaders.

Ils restent persuadés que les conclusions de la récente mission ministérielle de la CEDEAO posent les bases d’une solution appropriée pour un accord politique de sortie de crise, comme l’a d’ailleurs souligné le Président de la République dans son dernier discours du 11 juillet 2020.

​​​​​​​​​Fait à Bamako, le 12 Juillet 2020