Depuis quelques semaines, les Maliens sont dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol contre la mal-gouvernance du pouvoir d’un certain IBK. Contrairement à la Guinée où les clivages ethniques et régionalistes sont une réalité, où les subjectivités priment avant tout et sur tout, au Mali, lorsque les intérêts supérieurs des Maliens sont remis en cause, ils se lèvent tous comme un seul homme pour réclamer leurs droits. Massivement, ils s’y mettent, religieux comme artistes. Comme pour dire que sur ce plan, la Guinée et le Mali qu’on qualifie de deux poumons dans le même corps, sont totalement différents. Les prises de position de l’Imam Mahmoud Dicko ont suscité des commentaires un peu partout, notamment sur les réseaux sociaux. En Guinée où les religieux sont souvent accusés de complicité active avec les différents pouvoirs pour assujettir le populo, nombreux sont ceux qui ont eu de l’estime, de l’admiration voire de l’espoir à l’endroit de cet homme de Dieu qui était pourtant un proche d’Ibrahima Boubacar Keita lors de la présidentielle de 2013. Lorsque des artistes optent pour l’indifférence totale face à l’injustice en Guinée, encore une fois, au pays de Modibho Keita, c’est l’artiste de réputation internationale, Salif Keita, qui demande à ses compatriotes de sortir pour faire partir IBK. La vidéo a fait le tour des réseaux sociaux. Des morts, des blessés et des interpellations dans les rangs des grognards du 10 et du 11 juillet à Bamako. Curieusement, comme en Guinée, les forces de défense ont durement réprimé les manifestants, pour la plupart des jeunots. Pourtant, avant cette répression sanglante que beaucoup d’observateurs attribuent à des éléments des forces spéciales maliennes opérant au nord du pays, déployés dans la capitale pour la circonstance, nombreux étaient ceux qui avaient salué la neutralité des flics, pandores et bidasses maliens. Les Guinéens qui partagent une longue frontière avec le Mali dans sa partie nord, suivent de plus près la situation qui évolue au jour le jour. A rappeler que depuis que la crise du nord a éclaté en 2012, avec l’intervention de l’armée française de l’opération Serval pour stopper l’avancée des groupes armés vers Bamako, le Mali est confronté à une instabilité sociopolitique qui ne fait que perdurer. Très déterminés, les Maliens entendent aller jusqu’au bout de leurs revendications. Y arriveront-ils ? Peut-être, mais les obstacles restent de taille.
Bah Mamadou