La CENI, ce machin organisateur de nos sélections, dépendante à tous égards, file tout droit pour faire plaisir au locataire de Sékhoutouyéa. Torse bombé avec sa Constitution « falsifiée » sortie du référendum COVID-19, le Prési Alpha Grimpeur a intimé à sa CENI du désormais Kabinet Scié de respecter cette fois-ci la loi. Dans la Constitution de 2010 tout comme celle du 14 avril 2020, il est dit que l’élection présidentielle doit se tenir 90 jours au plus ou 60 jours au moins avant la fin du mandant du président en exercice. C’est sur la base de la Constitution, dit-on, que la CENI a proposé un chronogramme pour l’élection présidentielle 2020. Le 3 juillet, elle a convié tous les acteurs impliqués dans le processus électoral en Guinée à la première réunion du Comité Inter-Parties (CIP). Au menu : le chronogramme électoral avec des questions subsidiaires la reconduction des démembrements et la révision exceptionnelle des listes électorales complémentaires.

A cause de la pandémie du COVID-19, la CENI a reçu ses invités en deux groupes. Le premier groupe, le matin et le second, dans l’après-midi. Et comme il fallait s’y attendre, les principaux partis politiques de l’opposition (UFDG, UFR, BL, PEDN, PADES, etc…) ont brillé par leur absence. Contrairement à l’UPG, le PDDP, le PUP, etc..). Du côté de la société civile, la PCUD et le Balai citoyen ont boudé. Evidemment ! Le RPG arc-en-ciel et son allié UPR ne se sont pas fait Condé l’événement. La société civile du gouvernement également était de la partie (COJEPAID, CNOSCG, CONASOC, CNOSCG-DD, Jeunesse-CEDEAO, etc…). Les partenaires techniques et financiers (USAID, NDI, PNUD) ainsi que des représentants des ambassades de la Russie, des États-Unis d’Amérique et du Sénégal ont répondu à l’appel de la CENI.

Le chronogramme électoral

Le chronogramme s’étale du 24 juin au 17 décembre 2020, soit six mois. Avec à la clef, les dates du 18 octobre et du 24 novembre proposées pour le premier tour et le second tour de la présidentielle. Le dirlo des Opérations et Planification de la CENI, Sory Sidibé, argue que compte tenu temps que la CENI a à dépenser, elle ne peut pas prendre les 90 jours avant la fin de son mandat. « Nous sommes allés jusqu’à 60 jours au moins et cela nous amène au 22 octobre 2020. Ce 22 octobre n’est pas un jour férié. L’habitude en Guinée, c’est d’organiser les élections les dimanches. Le dernier dimanche du temps du mandat tombe sur le 18 octobre. C’est dans ce cadre que la CENI s’est engagée à élaborer ce chronogramme pour respecter la loi guinéenne ». Le chronogramme est articulé autour de dix familles d’activités qui sont subdivisées en 33 sous-familles d’activités et ces 33 sous-familles sont exécutées suivant l’ordre de 105 principales activités. Il soutient que ces activités sont réalisées de manières superposées ou juxtaposées, selon la planification qui leur est imposée jusqu’au jour du scrutin. Parmi les activités, on note la remobilisation et formation des membres des démembrements ; l’assainissement du fichier électoral ; l’opération de mise à jour du fichier électoral ; la mise à jour des listes électorales ; la consolidation et le traitement des données ; la gestion des candidatures et la campagne électorale ; la distribution des cartes d’électeur ; la formation des agents électoraux ; l’information et sensibilisation sur le scrutin ; la gestion du scrutin. Excusez du peu ! Il parait que toutes ces activités sont adossées sur les délais légaux. Mon œil !

La question qu’on se pose est de savoir si la CENI et son chronogramme respectent la Constitution « falsifiée » du 14 avril dernier qui a introduit le parrainage pour être candidat à l’élection pestilentielle. Surtout qu’aujourd’hui, le Code électoral révisé du 24 février 2017, toujours en vigueur, est en porte-à-faux avec la Constitution « falsifiée » du 14 avril. Mais puisque l’Assemblée nationale COVID-19 du Damaron-ron Camara a donné le feu-vert à Alpha Grimpeur de légiférer par ordonnance pendant la période de vacance parlementaire, tout peut arriver. Il n’est pas exclu que le Prési Grimpeur prenne une ordonnance pour ordonner l’application du projet de Code électoral qui a été mis en veille pour être en conformité avec sa constitution COVID-19.

Les anciens démembrements reconduits !

Juste pour respecter la date du Prési Grimpeur, la CENI a trouvé la gymnastique de reconduire les anciens démembrements. Alors que la loi exige le renouvellement des démembrements à chaque élection. Le machin électoral s’est concocté les raisons qui ont prévalu à cette reconduction: la situation actuelle due à la pandémie du COVID-19 ; le coût financier de l’installation des démembrements ; le respect du calendrier électoral ; la consultation de la Cour Constitutionnelle qui a donné son aval pour la reconduction. Que sais-je encore ? Toutefois, elle dit qu’il y aura des remplacements pour des motifs de démission, décès, indisponibilité, mutation. Dans la région de Kindia, sur les 699 membres installés, il n’y a que 663 disponibles aujourd’hui, donc il y a 37 membres à remplacer. La région de Mamou : tous les membres installés sont disponibles. La région de Boké : sur les 461 membres installés, il n’y a que 451 de disponibles, donc dix membres à remplacer. La région de Kankan : sur les 1 075 membres installés, il n’y a que 1 049 disponibles, soit 26 membres à remplacer. La région de Labé : sur les 564 membres installés, il n’y a que 518 disponibles, donc, 46 à remplacer. La région de Faranah : sur les 577 membres installés, 574 sont disponibles. Soit 3 membres à remplacer. La région de N’Zérékoré : sur les 997 membres installés, 970 restent disponibles. Il y a 27 membres à remplacer. La zone spéciale de Conakry (cinq communes) : sur les 141 membres installés, il n’y a que 131 disponibles, donc, 10 membres à remplacer.

Sur le plan national, la CENI avait installé 4 916 membres des démembrements. Aujourd’hui, le total disponible est 4 758 et le total des membres des démembrements non installés est de 4, le total des membres à remplacer est de 155. Au cours de l’année, on a enregistré 21 cas de décès, 37 mutations, 66 démissions et 31 cas d’indisponibilité due à la maladie.

La révision des listes électorales

Selon la Directrice du département Fichier électoral, Djenab Touré, la CENI va déployer 2 000 Commissions administratives d’établissement et de révision des listes électorales (CAERLE) sur toute l’étendue du territoire national. Il y aura cinq membres par commission, soit 10 000 membres. Un opérateur de saisie par kit, soit 2 000 opérateurs de saisie ou OPK, 345 superviseurs communaux, 38 coordinateurs préfectoraux et 8 coordinateurs régionaux.

Les objectifs de cette révision exceptionnelle  sont  l’enrôlement des électeurs qui avaient été mis de côté lors des élections législatives et du référendum, précisément les électeurs qui n’étaient pas venus devant les kits pendant la révision de 2019 conformément à la R1 du rapport d’audit de 2018. Il s’agit des 2 438 992 électeurs qui ont été mis de côté, il faut respecter leur droit en leur donnant la chance de venir s’enrôler ; les électeurs qui ont 18 ans révolus. « Il y a un volet assainissement du fichier existant dans le strict respect de la loi et des règlements en vigueur. Nous allons non seulement procéder à dédoubler notre base existante, mais aussi nous allons continuer à faire les recherches des mineurs potentiels qui vont certainement se faire enrôler. Nous allons essayer à la fin de l’enrôlement à une deuxième déduplication de la base de données », a insisté dame Djenab Touré. Les électeurs qui se trouvent dans l’ancienne base de données auront leurs listes affichées pour leur dire qu’ils ne sont pas concernés par cette révision. La radiation des électeurs décédés ; l’actualisation du découpage électoral ; le transfert des électeurs ; l’affectation des électeurs dans les bureaux de vote ; la production des listes électorales ; les listes d’émargement ; la production des cartes d’électeurs et les listes de retrait, l’impression et la distribution des cartes d’électeurs sont entre autres les principales activités qui seront déroulées durant cette révision exceptionnelle qui va durer 15 jours. Quinze jours pour tout cela ? Bon appétit !

Abdoulaye S. Camara