Depuis le début de l’année, les violences se multiplient en République de Guinée. Se donner la mort devient de plus en plus facile. Ibrahima Aminata Diallo, sociologue et enseignant dans les universités de Cona-cris, trouve ce phénomène inquiétant. Il estime que la situation socio-politique et économique du bled est l’une des causes du phénomène. Selon lui, cette recrudescence engendre plusieurs explications. L’on note 3 types de cas de suicide : le suicide égoïste, le suicide altruiste et le suicide anomique. Mais dans notre bled, on remarque deux types de cas: «le suicide anomique : ce suicide c’est quand une personne est en manque d’intégration ou en quelque sorte elle est en manque de bonne situation économique, cela peut le pousser des fois à se suicider. Parce que tout simplement on est dans une situation où l’on n’arrive pas à se tirer d’affaire.
L’on parle de suicide égoïste dans une société dominée par «le chacun pour soi, Dieu pour tous.» Une personne qui, au départ, avait une bonne situation économique et financière et qu’il voit basculer d’un seul coup dans des difficultés peut aller jusqu’à commettre le suicide. Surtout si elle ne parvient pas à réintégrer la société de façon positive.
Parlant du troisième type de suicide altruiste, Ibrahima Aminata Diallo explique que ce type de suicide n’existe pas chez nous dans la mesure où la personne ne se sacrifie pas pour son prochain. Ce cas se produit quand une personne décide de mettre au-devant le bonheur de tous, c’est-à-dire se sacrifier pour une cause commune. «Je ne dirai pas que ce type de cas n’existe pas chez nous, mais c’est très rare de voir ce genre de suicide chez nous, pour la simple raison que très peu de personnes sacrifient pour leurs prochains. La cause réelle de la recrudescence de la criminalité en Guinée est liée à la situation de précarité et de pauvreté de notre pays, mais également à la situation égoïste dans laquelle nous vivons ».
Pour réduire ce type de violences dans notre bled, ce jeune sociologue propose de repartir à la case de départ. Faire recours à nos anciennes traditions, vivre en communauté comme nos parents et grands-parents le faisaient avant. «Que nous partagions bonheur et malheur. Par exemple avant, au village, si un individu décidait de faire un champ, tout le monde l’assistait jusqu’à la récolte même s’il ne dispose pas de fonds. Donc, reprendre la vie communautaire, s’entraider contre vents et marrées. Dire que ton problème, c’est mon problème. Que tu sois riche ou pauvre, donnons-nous la main. La solitude est un facteur qui peut pousser un individu vers le suicide. Même si on n’a pas une bonne situation financière, il faut éviter le stress et la vie solitaire ! » propose-t-il.
A rappeler que le dernier cas de suicide connu à l’intérieur du pays, est celui d’un ancien militaire qui s’est donné la mort après avoir assassiné sa femme en état de famille et son enfant. Et un autre jeune qui s’est donné la mort par pendaison le mardi dernier.

Kadiatou Diallo