Cette fois encore, rien d’extraordinaire. Le Bac unique, session 2020, a démarré le 25 août sur toute l’étendue du territoire du bled. A l’image des années précédentes, de nombreux cas de fraude et de tentatives de fraude ont été signalés à Cona-cris et quelque peu à l’intérieur du pays lors des deux premières journées de l’examen.

La complicité entre candidats et surveillants n’est pas nouvelle, malgré le slogan «Tolérance zéro», vide de sens, reconduit chaque année. Nombreux surveillants ont été renvoyés pour fait de complicité de fraude et de tentative de fraudes à Cona-cris. On leur reproche la «légèreté» vis-à-vis des candidats qui accèdent aux centres et salles d’examens avec leur téléphone portable. Au lycée Léopold Sédar Senghor de Yimbaya (Matoto), six surveillants ont été renvoyés le premier jour du Bac unique. Selon nos sources, trente-deux téléphones ont été saisis sur des candidats, et les trente surveillants du centre ont été dégommés et remplacés par d’autres. 

«Il en est de même pour le groupe scolaire Saint-David où le centre Hadja Mafory a été délocalisé pour sa contiguïté. Une dizaine de surveillants a été aussi renvoyée pour les mêmes raisons. Dans la commune de Matam, notamment au collège 2de Bonfi, six surveillants ont été également renvoyés pour les mêmes faits ainsi qu’une dizaine d’élèves qui auraient été pris avec des téléphones, le 26 août. En plus de ces renvois, l’enveloppe du premier sujet pour les sciences sociales, à savoir l’épreuve d’anglais aurait été retrouvée ouverte. C’est du moins le constat qui aurait été fait par le délégué du centre collège 2 de Bonfi », rapportent des sources concordantes

Mamady Sidiki Cas-marrant, de la cellule de communication du ministère de l’Education nationale et de l’alphabétisation, a précisé, le 27 août, que les cas de fraude et de tentatives de fraude ont été aussitôt réprimés.

« Les fauteurs ont été mis hors d’état de nuire, exclus complètement du circuit. La vigilance n’a pas été d’un seul côté. Si nous avons peut-être regretté la légèreté ou la complicité de certains surveillants en qui nous avons voulu placer entièrement notre confiance, il y avait, auprès d’eux, le déploiement de tout le département et nos structures décentralisées qui devaient veiller aussi à la régulation de cet examen. A chaque examen, il se trouve qu’il y a des hauts et des bas. Mais, nous avons fait le constat sur tout ce qui se passe sur le terrain, notamment l’usage des téléphones portables  Actuellement, tout le monde est sur les réseaux sociaux.
Nous avons constaté que les élèves sont en train de passer par des miracles pour entrer avec les téléphones dans les salles d’examen. Ce qui fait qu’il y a des centres où de soi-disant enseignants traitent des sujets pour les balancer aux candidats via WhatsApp. Tout cela, c’est peut-être pour avoir un grand pourcentage pour leur école d’origine. Mais au premier jour, le cas a été signalé et nous avons pris des dispositions, parce que le code de bonne conduite a été expliqué à tous les enseignants et délégués. Pour nous, si on prend des téléphones dans un centre, c’est que les surveillants sont impliqués », a dénoncé, le 27 août, Kadiatou Bah, la secrétaire gênante de l’autre SLECG (Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée.) Elle est «choquée» de voir des soi-disant enseignants aider les élèves à tricher, car ajoute-t-elle, même les sujets qu’ils prétendent avoir traités sont erronés. «Donc, il n’y a pas eu de fuite», ironise la syndicaleuse.

Yaya Doumbouya