« Des circonstances extraordinaires appellent des mesures extraordinaires. Une pandémie mondiale de COVID-19 a bouleversé tous les plans.»
Dixit le président de la Banque Africaine de Développement, Akinwumi Adesina, à l’occasion l’ouverture à Abidjan ce mercredi 26 août, des assemblées annuelles 2020 du Groupe de la BAD.
La famille de la Banque africaine de développement s’est agrandie, passant de 80 à 81 pays. Je vous invite à vous joindre à moi pour souhaiter la bienvenue à notre nouveau membre, la République d’Irlande, qui nous rejoint officiellement au cours de ces Assemblées annuelles. Je tiens à vous exprimer ma profonde gratitude, Excellence Monsieur le Président Alassane Ouattara, pour avoir bien voulu accepter de participer à cette cérémonie d’ouverture de nos Assemblées annuelles, par vidéo. Vous consacrez toujours du temps à la Banque. Vous l’avez fait en octobre dernier, lorsque nous nous sommes tous réunis ici pour une réunion extraordinaire de notre Conseil des gouverneurs.
Ici même, à Abidjan, nos gouverneurs ont approuvé l’augmentation de capital la plus importante de l’histoire de la Banque africaine de développement. Vous nous avez encouragés. Votre gouvernement au complet s’est joint à nous – y compris notre regretté Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. C’était un ami cher de la Banque. Veuillez accepter, Monsieur le Président, nos sincères condoléances à vous, au gouvernement et au peuple de Côte d’Ivoire, qu’il a servi avec abnégation. Que son âme repose en paix. Aujourd’hui, Monsieur le Président, vous êtes à nouveau ici pour nous encourager. Je vous en remercie chaleureusement. Excellence, je réaffirme l’engagement de la Banque africaine de développement et de son Président de continuer à travailler en étroite collaboration avec vous et avec le nouveau Premier ministre, M. Hamed Bakayoko, que nous félicitons pour sa nomination.
Excellence, Mesdames et Messieurs les Gouverneurs ! Alors que nous sommes réunis ici aujourd’hui, le monde a changé. Une pandémie mondiale de COVID-19 a bouleversé tous les plans, y compris les voyages. La santé et la sécurité sont devenues des paramètres essentiels dans toute prise de décision. C’est pourquoi les Gouverneurs de la Banque ont pris la décision extraordinaire de tenir des Assemblées annuelles virtuelles, pour la première fois dans l’histoire de la Banque. Des circonstances extraordinaires appellent des mesures extraordinaires. Je vous applaudis, Messieurs les Gouverneurs de la Banque, pour votre sagesse, votre sensibilité et votre leadership. La pandémie de COVID-19 se propage rapidement, provoquant dévastation et épreuves indicibles. Des vies perdues, en trop grand nombre. Des emplois perdus – inimaginable. Des pertes économiques, si profondes et si vastes qu’elles sont incalculables. Jamais notre humanité collective n’a été si durement mise à l’épreuve, si éprouvée et si vulnérable. Pourtant, notre interdépendance, notre besoin de nous retrouver, de nous unir et de rester concentrés, ensemble, n’ont jamais été aussi grands.
C’est dans l’unité que nous puisons notre force. La force de surmonter les obstacles, même les plus difficiles. La Banque africaine de développement a toujours puisé sa force dans la solidarité. C’est lors d’une réunion ici même à Abidjan que vous, les actionnaires, avez approuvé la plus grande augmentation de capital de l’histoire de la Banque — une augmentation de 115 milliards de dollars des Etats-Unis. Au cours d’une autre réunion à Pretoria, en Afrique du Sud, nous avons approuvé une augmentation de 35 % des ressources du Fonds africain de développement — un financement particulièrement important pour les pays à faible revenu et les États fragiles. La fragilité est passagère, la résilience, durable. En observant la Côte d’Ivoire aujourd’hui, l’on de la a peine à croire que ce pays était un État fragile. Pourtant, grâce à un leadership visionnaire, des politiques macroéconomiques saines et des politiques centrées sur les personnes, le pays a radicalement changé aujourd’hui. A l’instar du phénix qui renaît de ses cendres, le pays s’est hissé au rang des dix économies affichant le taux de croissance le plus rapide au monde, avant la pandémie de COVID-19.
Excellence, chers gouverneurs,
À cause de la pandémie, l’Afrique a perdu plus d’une décennie des gains réalisés en matière de croissance économique. La reprise sera longue et difficile pour l’Afrique. Nous devons maintenant aider le continent à se relever, avec audace, mais aussi avec intelligence, en accordant une plus grande attention à une croissance de qualité : la santé, le climat et l’environnement. Même en ces temps difficiles, le Conseil d’administration de la Banque africaine de développement s’est mobilisé pour soutenir l’Afrique. La Banque a mis en place une facilité de réponse à la COVID-19 de 10 milliards d’USD pour soutenir les pays africains. Nous avons lancé un emprunt social de 3 milliards d’USD sur le marché mondial — l’emprunt social le plus important au monde, libellé en dollars américains. Ces actions témoignent de notre ambition, de notre engagement inébranlable et de notre responsabilité indéfectible à soutenir, stabiliser et renforcer les économies africaines. Tout en stabilisant les nations, nous devons également stabiliser la Banque – notre institution. Les derniers mois ont sans aucun doute été difficiles pour la Banque. Pourtant, nous avons fait preuve de solidarité. Je tiens à vous remercier sincèrement, vous tous, nos estimés Gouverneurs, sous l’excellente direction et la sagesse de la Présidente, la Ministre Niale Kaba, d’avoir uni vos forces pour stabiliser la Banque…L’Afrique a besoin d’une Banque africaine de développement forte et stable pour la soutenir tout au long de cette pandémie et pour permettre à ses économies de rebondir afin d’offrir à ses populations une vie et des moyens de subsistance meilleurs et plus sains. Et la Banque africaine de développement a besoin de vous — nos actionnaires — comme vous l’avez toujours été : unis et forts.
Excellence, Chers gouverneurs,
Il y a cinq ans, ici même à Abidjan, vous m’avez élu Président de la Banque africaine de développement. Ce fut un si grand honneur et une si grande responsabilité placée sur mes épaules. J’avais promis que je travaillerai d’arrache-pied pour accélérer le développement de l’Afrique. Ma vision axée sur les High 5 était mon engagement, ma promesse, ma boussole !
Le temps est passé si vite. Mais nous avons vite fait également d’obtenir des résultats au cours de ces cinq années passées au service de l’Afrique : 18 millions de personnes supplémentaires ont désormais accès à l’électricité. 141 millions de personnes ont bénéficié de technologies agricoles plus avancées favorisant la sécurité alimentaire. 15 millions de personnes ont eu accès à un financement. 101 millions de personnes ont désormais accès à des transports améliorés. Et 60 millions de personnes ont reçu un accès à l’eau et à l’assainissement.
Je remercie le Conseil d’administration et le formidable personnel de la Banque pour leur travail acharné et leur soutien inébranlable qui nous ont permis d’en arriver là. Toutefois, nous n’entendons pas nous reposer sur nos lauriers. Pour faire mieux, nous devons travailler davantage. Nous avons du pain sur la planche, aujourd’hui plus que jamais, pour aider l’Afrique à rebondir et à retrouver la voie de la croissance économique et de la résilience.
Aujourd’hui, je me tiens devant vous, extrêmement reconnaissant de l’incroyable soutien que vous m’avez accordé au cours des cinq dernières années. Nous avons réussi – Ensemble ! Et ensemble, nous devons aller de l’avant et trouver ce qu’il faut pour aider l’Afrique à accélérer son développement, en tirant parti de nos réalisations collectives, en comblant nos lacunes et en ayant plus d’impact sur le terrain.
Chers Gouverneurs, ces Assemblées annuelles sont pour moi l’occasion de vous offrir à nouveau mes services et de briguer un second mandat à la présidence de la Banque africaine de développement. Je le fais, avec humilité. Je le fais avec un sens aigu du devoir et de l’engagement. Je le fais pour servir l’Afrique et notre Banque, de manière désintéressée, au mieux des capacités que Dieu m’a données. Je le fais avec confiance, car je crois en la puissance de notre mission, en la grandeur de notre vision, et en la force de notre solidarité. Ensemble – nous sommes plus forts Ensemble – nous obtenons plus de résultats Ensemble – nous sommes plus résilients Ensemble – nous bâtissons une meilleure banque Ensemble – nous sommes une Afrique qui gagne.