Voilà des mois que vous, jeunes officiers, jeunes soldats, observez les querelles politiques dans votre pays. Voilà des années que vous vivez dans un Mali où les discriminations règnent, un Mali où les dirigeants politiques et ceux de l’administration publique, de connivence, mentent, volent et expédient dans les banques en dehors de l’Afrique les fonds tirés des finances publiques. Vous avez également suivi les dénonciations des organismes internationaux relatives aux vols et à la gabegie financière des responsables politiques et de l’administration publique. Malgré ces calamités nationales, certains parmi vous ont obéi à l’ordre des officiers de tirer à balles réelles sur des citoyens revendiquant leurs droits de citoyens, vous avez régulièrement observé les colères des différentes couches de la nation, de la société civile: syndicats, ONG, religieux. Vous avez vu cette société civile, ancienne et en nombre impressionnant, occuper les places publiques, sans brutalité. Elle a appelé au changement radical dans la gestion de l’Etat et de la nation d’un Mali qui se meurt. Cette société civile a eu la force et le courage patriotique de maintenir le cap de la revendication pour un changement radical. Vous avez suivi et écouté les mafiosi de la CEDEAO qui propose tout changement sauf du chef, sauf le départ du principal responsable des calamités au Mali. Le poisson ne commence-t-il pas à pourrir par la tête ? Mais nenni. Alors, intelligemment, secrètement vous vous êtes réunis en militaires patriotes de tous les corps pour finalement mettre fin à la gabegie nationale, à la fois des mafiosi.

Après cette secrète réunion et cette entente patriotique IBK a été humainement convié par vous à Kati pour lui faire entendre raison. Il a alors compris et a quitté toutes les fonctions nationales dans une déclaration qu’il a arrangée pour partir «honnêtement». Après cette démission, la nation malienne, la communauté internationale attendaient impatiemment la suite. Et à 3 heures 40 minutes, le mercredi, sont apparus des militaires sur la chaine publique de l’ORTM. Et voilà que le colonel major Ismaël Wagué, chef d’État-major adjoint de l’armée de l’air, fait des annonces libératrices: «notre pays le Mali, sombre du jour en jour dans le chaos, l’anarchie et l’insécurité par la faute des hommes en charges de sa destinée.» Il a poursuivi en dénonçant «la gestion familiale des affaires de l’Etat.», on constate une justice «en déphasage avec les citoyens». A cause de la mauvaise gestion de l’équipe d’IBK, les terroristes et les extrémistes ont massacré des villages. Ce militaire a poursuivi en invitant «la société civile et les mouvements sociaux à les rejoindre pour, ensemble, créer les meilleures conditions pour l’exercice démocratique à travers une feuille de route qui jettera les bases d’un Mali nouveau». Le mouvement des patriotes militaires a également invité les organisations internationales et sous-régionales de les «accompagner pour le bien-être du Mali». Il a poursuivi : «nous ne tenons pas au pouvoir, mais nous tenons à la stabilité du pays, qui nous permettra d’organiser dans des délais raisonnables des élections générales pour permettre au Mali de se doter d’institutions fortes.»

Nous estimons que tous ceux qui aiment voir l’Afrique se relever, se gérer rigoureusement doivent accorder du crédit à l’intention des militaires maliens de relever leur pays et leur nation. L’armée malienne a fait preuve d’une maturité sans précédent en Afrique. Elle a évité en son sein la division. Comme il  sied à leur corps, la discrétion a été tellement observée qu’on a pensé qu’elle ferait comme toutes les autres armées aux services des dictateurs. Leurs chefs ont montré que l’obéissance a une limite. On obéit quand sont respectées les normes auxquelles on a adhéré et qui ne sont pas viciées par les ordonnateurs. Son mérite, le plus admirable est son courage, sa clairvoyance face au syndicat des chefs d’Etat. Ceux-ci auraient dû prévenir les déviations, les détournements et les gabegies de leurs «camarades gestionnaires». L’armée malienne et la société civile ont mis à nu la cécité assassine des chefs d’Etat africains «envoyés», «émissaires». Toute l’Afrique a vu aujourd’hui que ces médiateurs ont choisi le camp d’un homme qui affame, assassine, se prend pour un Dieu sur terre face au pays et à la nation. Les africains patriotes ont tous suivis les revendications pacifiques de la société malienne. L’armée malienne n’a pas brutalisé IBK, elle l’a invité, sans brutalité, à céder la gestion du pays, de la nation à une autre équipe.

Ces militaires, ces civils maliens doivent être accompagnés pour relever un pays africain. Ce soutien, très probablement, fera naître une autre classe de l’armée, qui ne tue pas. L’Afrique dans ce cas pourra oublier Mobutu, Bokassa, Eyadema et d’autres militaires qui tuent au profit d’un mourant. Il y a une armée qui renverse les marmites des braves femmes et non des dictateurs et suivez mon regard.

Diallo I