Dans un communiqué laconique, la CENI a reçu une mission « d’appui technique » de la CEDEAO. Les fameux hôtes viendraient aider notre machin électoral à assainir sa base de données, à consolider les données au niveau de son site central. La CENI manifesterait ainsi sa « volonté de rendre le fichier électoral le plus consensuel possible, et ce, conformément aux standards en la matière ».
Ouais ! Une question taraude tous les esprits : pourquoi la CENI laisse-t-elle tomber son partenaire électoral historique, l’OIF, pour s’accrocher à la CEDEAO, surtout en matière d’expertise électorale ? L’OIF a assisté notre CENI de 2010 aux calamiteuses législatives du 22 mars 2020. Pour la probable présidentielle 2020, la CENI a jeté son dévolu sur la CEDEAO pour son tour de passe-passe électoral. Rancunière comme le locataire de Sékhoutouréya, l’institution électorale n’a pas digéré le désaveu de l’OIF en pleine tempête électorale le 24 février dernier.
L’OIF dirigée par la Rwandaise Louise Mushikiwabo avait coupé l’herbe sous les pieds de la CENI en se retirant du processus. Un pavé dans la mare qui confortait l’opposition vent debout contre le fichu fichier électoral. D’aucuns de qualifier ce retrait d’hypocrite, l’OIF avait cautionné la quasi-totalité des opérations électorales. Tout de même, l’OIF a abandonné le navire à la veille du troublé double scrutin. « Il sera difficile pour sa mission d’assistance de continuer à soutenir le processus électoral en Guinée tant qu’un consensus sur le nombre d’électeurs ne sera pas négocié par toutes les parties prenantes nationales », tranchait l’OIF. « Quand nous aurons officiellement le rapport, nous ferons nos analyses avant de procéder à la synthèse. Ce n’est pas l’OIF qui mène le processus électoral en Guinée mais plutôt, c’est la CENI, et cela n’a pas d’incidence », bottait en touche le commis serf en chef de la CENI d’alors, Amadou Saliflou-fllou Kébé. Dès lors, la CENI a décidé de se passer des services de l’OIF, le processus est piloté par le Rpg-arc-en-ciel et ses alliés et les partis opposés à l’opposition républicaine.
La CENI se tourne vers la CEDEAO pour assainir son fichier électoral. Sauf qu’en fait d’expérience et expertise électorale, l’OIF en remontre à la fumiste CEDEAO. L’OIF en premier, a décelé 2 490 664 électeurs problématiques sans aucun des six documents d’identification : l’identité et l’âge, etc. L’OIF s’est taillée, la CENI, s’est obstinée à garder ses électeurs dans sa base de données. La CEDEAO, le 11 mars, a confirmé le diagnostic de l’OIF, recommandé de larguer ces électeurs. En bon prince, l’OIF assurait la CENI de sa « disponibilité à soutenir toute initiative qui permettrait, par la voie du consensus, de favoriser le renforcement de la démocratie et la consolidation de la paix et de la cohésion sociale en Guinée ». Si vraiment la CENI veut un fichier propre, elle doit faire appel d’abord à l’OIF, qui a repéré les insuffisances de son fichier, accessoirement à la CEDEAO qui n’a que confirmé les choses. On préfère la CEDEAO qui a à tout prouver en fait d’expertise électorale. L’expertise qu’on lui reconnait, c’est dans l’observation électorale dont les conclusions ont toujours validé les mascarades électorales. L’OIF a piloté l’audit du fichier électoral en 2018. Pour maîtriser le processus électoral guinéen, il n’y a pas mieux qu’elle. Il y a de quoi s’inquiéter de l’appui technique de la CEDEAO. Le fichier électoral est plus fichu que jamais. Les opérations électorales en cours (révision, affichage des listes électorales) confortent l’opposition sur le mauvais état du fichier électoral. La mission d’appui technique de la CEDEAO est plus que sommée de publier son travail d’assainissement du fichier électoral. Alors, tous les acteurs politiques concernés par le processus apprécieront les qualités du fichier devant servir à sélectionner le Prési Alpha Grimpeur, si celui-ci est candidat, qui en doute ? Le fichier électoral, à l’image de la Constitution covid-19, « falsifiée » du 22 mars, est taillé pour plébisciter le Prési Grimpeur ou tout autre candidat du Rpg-arc-en-ciel. Un « coup chaos ». Il n’est pas sûr que les experts électoraux de la CEDEAO corrigent le fichier électoral. La CEDEAO sert les présidents potentats comme Alpha Grimpeur et Alassane Ouattara non les peuples guinéen et ivoirien. J’aimerais être démenti.
Abdoulaye S. Camara