Juste un mot : Silence, on prie !
Juste un mot : Silence, on prie !

Revenons un peu sur la prière de la fête de la Tabaski à Cona-cris, le 31 juillet dernier ! Non pas pour évaluer, réévaluer ou dévaluer quoi que ce soit de religieux, mais pour rappeler les circonstances qui ont forcé la présidence guinéenne de l’époque, aujourd’hui appelée Sékhoutouréya, à muer en mosquée occasionnelle. Active au moins deux fois par an pour accueillir les prières du Ramadan et de la Tabaski. Même si en 2020, les fidèles musulmans qui ont essayé de s’y rendre, ont été poliment éconduits.
Au plus fort de la crise du 22 novembre 1970, à mesure que la répression s’abattait sur le petit peuple de la 5è colonne au nom de la révolution globale, multiforme et « trans-temporelle, » le domicile officiel du sanguinaire de Cona-crime tenait lieu de centre social, politique et religieux pour abriter quasi indistinctement des séances de dénonciation et de prières à l’occasion des grandes fêtes musulmanes, notamment celle du Ramadan et de la Tabaski. Au nom de la sécurité, l’Etat laïque de Guinée s’était vu dans l’obligation d’accorder ce privilège au responsable suprême de la révolution que la trouille avait plongé dans un isolement qui frise le confinement, suite à « l’agression coloniale portugaise du 22 novembre 1970. »
A cette époque-là, « la révolution guinéenne, que le peuple a défendue et que Dieu a sauvée, » voyait l’impérialisme sur tous les toits, dans tous les manguiers, dans toutes les marmites, jusque dans les salles de réunion du vendredi. Partout. Il était inconcevable que le président Ahmed Sékou Touré puisse quitter son palais pour accomplir ses obligations religieuses à l’occasion des fêtes du Ramadan et de la Tabaski. Puisque « la mobocratie» devait toujours prévaloir, l’idée a spontanément germé dans l’esprit fertile de Chérif Nabaniou et ses amis, de bourrer le palais présidentiel de ses délateurs habituels, aidés des doubles fidèles du PDGi et de l’Islam pour accompagner le Responsable Suprême dans ses prières sataniques. Aussi, le palais de la présidence devient-il un lieu d’adoration hypocrite du Dieu d’Abraham. La peur en a fourni tous les moyens.
Ceux des Guinéens qui se sont fait éconduire le vendredi 31 juillet à Sékhoutouréya, ont dû réaliser que « l’adoration divine » en Guinée reste tributaire d’aléas bassement psychologiques. En 1970, la peur de la Kalachnikov portugaise a abouti à la mise en place d’une présidence-mosquée pour marquer la laïcité guinéenne. Il aura fallu attendre 50 ans pour que la peur de l’infiniment petit, le covid-19, vienne bousculer les habitudes pour rétablir la république dans ses droits. Le 31 juillet 2020, les Guinéens ont prié dans les mosquées, non à la Présidence de la République. Ils se sont certainement rappelé qu’il avait fallu toute la perspicacité de Fidel Castro, lors de sa première visite en Guinée en 1972, pour mettre fin au confinement de Sékou Touré dans son palais fourre-tout de Boulbinet. Le Lider Maximo s’était littéralement imposé au leader guinéen pour que celui-ci daigne l’accompagner à l’intérieur du pays en lieu et place de Béa qui avait été désigné. A quand la fin du confinement de notre Président-Grimpeur ? Merci de ne pas vous tourner vers l’ANSS pour une réponse !

Diallo Souleymane