Ce qui se passe en Guinée est pire que le coup de force du colonel Assimi Goita et ses amis au Mali, perpétré le 18 août. Chez nous, cette nouvelle forme de coup d’Etat civil est pourtant condamnée par le protocole de la CEDEAO sur la bonne gouvernance. Suivez-en les étapes principales :
1-On déloge un président de la Cour constitutionnelle légitime.
2-On propose un référendum constitutionnel sans aucune base légale.
3-On empêche les forces vives de la nation de s’opposer pacifiquement au référendum constitutionnel.
4- On tue plus d’une centaine de jeunes à travers le pays.
5-On organise, dans une atmosphère de division, de haine et de tension, un double scrutin référendaire et législatif.
6-Le scrutin ne couvre pas toute l’étendue du territoire national : pire, le taux de participation est inférieur à 1% dans de nombreuses circonscriptions électorales.
7-Le scrutin est tout de même validé par une cour constitutionnelle dont l’organe de direction a été pris en otage en amont par ceux-là mêmes qui ont déposé le président légitimement élu.
8-Le référendum illégal est couronné par la promulgation d’une nouvelle constitution différente de celle initialement soumise au supposé peuple de Guinée.
9-La Guinée se retrouve ainsi devant un vide juridique inédit jamais évoqué dans une faculté de droit depuis l’antiquité greco-romaine.
10- Pour la prochaine élection présidentielle, le préalable constitutionnel, le parrainage, n’est pas pris en compte par la loi organique portant code électoral.
Par souci de se conformer à une loi supra nationale, le Protocole de la CEDEAO sur la bonne gouvernance en son article 2, la Cour constitutionnelle prend un acte pour suspendre temporairement la loi constitutionnelle sur le parrainage, le temps pour nous d’atteindre la maturité (le temps requis) pour changer le code électoral en vigueur, en totale contradiction avec la nouvelle constitution. La CEDEAO est ferme : « Aucune réforme substantielle de la loi électorale ne doit intervenir dans les six mois précédant les élections, sans le consentement d’une large majorité des acteurs politiques.»
Tout cela, au vu et au su de toutes les institutions internationales. Avec, à la clé, plus d’une centaine de jeunes tués sans aucune forme de jugement. Donc, peuple n’est pas peuple !
M Diallo