Les États-Unis ne sont pas sûrs si ce qui s’est passé au Mali est un coup d’État
« Par rapport à ce qui s’est passé au Mali, nous sommes en train d’analyser les normes juridiques pour déterminer si oui ou non on peut qualifier cela de coup d’État », a déclaré vendredi J. Peter Pham, l’envoyé spécial des États-Unis au Sahel.
Ses propos font suite à la révélation par le quotidien Washington Post que certains des officiers qui ont renversé le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, 75 ans, avaient été formés aux États-Unis.
Un porte-parole du Pentagone, le ministère américain de la défense, a confirmé que bon nombre de ces officiers avaient suivi des formations dispensées par l’armée américaine. On compte parmi ces officiers le colonel Assimi Goita, 37 ans, président du Comité national pour le salut du peuple (CNSP). Il faisait partie du groupe d’officiers vus aux premières heures de mercredi sur l’ORTM, la télévision publique malienne, annonçant qu’ils avaient pris le contrôle du pays.
« Le colonel Goita a participé aux précédentes manœuvres Flintlock du Commandement américain pour l’Afrique et il a également assisté à un séminaire bilatéral de la Joint Special Operations University à la base aérienne de MacDill, en Floride », a déclaré le lieutenant-colonel Anton T. Semelroth, porte-parole du Pentagone. En outre, le colonel Goita a participé à un programme d’études sur le terrorisme et la sécurité au Centre européen George C. Marshall en Allemagne, a-t-il ajouté. « La mutinerie est un acte fortement condamné et incompatible avec la formation dispensée par les militaires américains », a tenu à préciser le porte-parole.
Même son de cloche du côté des affaires étrangères : « Dans la mesure où ces individus ont été impliqués dans une mutinerie, et en plus une mutinerie qui conduit à la détention et au renversement d’un président légitimement élu, cela va à l’encontre de la formation que nous dispensons », a déclaré le Dr Pham. Le ministère américain de la défense est en train d’examiner la situation sur le terrain au Mali et, en attendant, toutes les formations sont suspendues jusqu’à nouvel ordre, a expliqué le colonel Semelroth.
La veille, la junte avait assuré aux partenaires du Mali que les Casques bleus des Nations unies et les soldats français de Barkhane resteraient dans le pays.
Koi Gouahinga