La colère était à son comble le 20 août, dans le centre-urbain de Dalaba. Et pour cause ! Le meurtre par balle d’un citoyen a entraîné la colère populaire, laquelle a conduit à des échauffourées. Le  pugilat s’est déroulé entre les forces de désordre et les jeunes furieux qui avaient mal digéré leur comportement. Les jeunes ont pris le dessus pour chasser les pandores de leurs locaux avant d’incendier une partie du bâtiment.

La trouille au ventre, les pandores ont utilisé le terrain pour se réfugier à la résidence du préfet, à quelques encablures de là. La tension était telle que des renforts, dépêchés de Pita et de Mamou, ont débarqué à Dalaba pour tenter de sauver les meubles. Les grognards accusent les agents de la sécu-raté d’avoir tué Mody Allarény Diallo, 45 ans, alors qu’il essayait de s’opposer au lynchage d’un présumé violeur et coupeur de route, appréhendé par les jeunes, au secteur de Bhoundou Saali, dans la commune urbaine. Mamadou Alpha Diallo, le grand-frère de la victime, joint au téléphone par notre rédaction, a déclaré que son frère a reçu la balle fatale dans le dos lorsqu’il se trouvait dans l’un des deux pick-up, avec quatre autres personnes et le présumé violeur. «Quand les agents sont arrivés, vu le monde qu’il y avait, les gendarmes ont fait monter la victime et le présumé coupeur de route et violeur dans leur pick-up pour aller à la gendarmerie afin qu’il explique pourquoi il a arrêté le monsieur. La tension est montée crescendo. L’un des gendarmes a voulu faire des tirs de sommation pour effrayer la foule. En maniant l’arme, il a envoyé une rafale de trois balles. La première a atteint mon oncle. Pour le moment, c’est la version que j’ai eue de la part des autorités», explique Boubacar Diallo, le neveu de la victime.

Pour le maire de la commune urbaine de Dalaba, Ibrahima Dalaba Diallo, «les jeunes ont pris l’accusé et les notables ont demandé de ne pas le battre au risque de le tuer. C’est ainsi qu’ils l’ont attaché pour le conduire à la gendarmerie.» Il précise que c’est lorsque la gendarmerie a été alertée qu’elle a dépêché deux pick-up pour récupérer le présumé violeur. Finalement, ils l’ont récupéré, lui «ceux qui le protégeaient contre la fureur des jeunes. Ils ont aidé l’équipe des gendarmes à le mettre dans le pick-up. Le deuxième pick-up de gendarmes transportait les gendarmes venus en renfort. Certains parmi eux ont tiré pour effrayer la foule. Et, finalement, un citoyen a été atteint. Ils sont venus jusqu’au niveau de la gendarmerie, ils ont abandonné le corps.»

Mamadou Alpha Diallo a indiqué que ce sont eux qui ont transporté le corps à l’hôpital, ensuite à la morgue. C’est là que les gens se sont rendu compte qu’il est mort. Les jeunes sont entrés dans une colère noire. «Ils se sont rendus à la gendarmerie, il y a eu des tirs de sommation, des tirs à balles réelles. Finalement, le conseil communal est allé à la gendarmerie pour chercher à calmer les jeunes. Mais, moi-même j’ai été gazé et on m’a cogné, explique le maire. Les jeunes ont fini par entrer à la gendarmerie, ils ont sorti quelques objets qui s’y trouvaient pour les brûler. Vous savez que la gendarmerie avait déjà été saccagée lors des événements survenus pendant les élections législatives. C’est au crépuscule que la tension a baissé.»

Le présumé violeur est toujours détenu par les pandores. La victime, âgée de 45 ans, père de cinq enfants, a été inhumée le 21 août à Dalaba.

Yaya Doumbouya