Les naïfs eux-mêmes auront honte d’être surpris de la confirmation par Alpha Grimpeur du choix de la CENI de conduire les Guinéens à la mascarade électorale du 18 octobre 2020. Dans son manque légendaire de scrupule, le pouvoir grimpeur a usé de sa ruse habituelle pour étouffer le peu de jugeote qui restait à « l’opposition ». À travers la camisole de force du confinement sanitaire, il a fini de dérouler son programme électoral haut la main. Aussi, le décret de confirmation de cette présidentielle du 18 octobre, tombé le 11 août, ne devrait-il surprendre personne. Sûr qu’il faut respecter la loi électorale révisée, même s’il est certain que le scrutin du 18 octobre 2020 se déroulera avant l’installation des élus locaux qui attendent dans le vide depuis le 18 février 2018. Double ironie de sort et de date.

Le décret du 11août est manifestement fondé sur la stratégie, disons-le, classique, de la démocratie guinéenne : le manque de temps et la précipitation. Elle a quasiment profité à tous les régimes dits démocratiques qui se sont succédés dans le pays après la dictature du PDG. Le Président de la CENI, le très honorable M. Kabinet Cissé, n’a pas manqué d’en profiter pour étouffer à l’avance les futurs-candidats-perdants que la niaiserie pousserait à participer au processus électoral. La CENI, « informe l’ensemble des partis politiques intéressés qu’elle a entamé le processus de mise en place de la commission financière pour ladite élection. » Ils en ont jusqu’au 13 août avant 12 heures pour déposer à la CENI la liste et les contacts de leurs représentants au siège de l’institution, au quartier Kameroun. La réunion de cette commission, qui fixe le montant de la caution, se tiendra ce vendredi 14 août à 10h. Au cas où un parti politique choisirait un représentant à N’Zérékoré, Siguiri, Balaki ou Koundara, il attendra la présidentielle de 2026 pour prendre ses fonctions.

Pour le reste, le Président-Grimpeur a tout réglé d’avance. Il a invité «…le président de la Haute Autorité de communication, le ministre de la justice, le ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation, le ministre de la sécurité et de la protection civile, le ministre du budget, le haut commandement de la gendarmerie et directeur de la justice militaire, chacun en ce qui le concerne à l’application stricte de ce présent décret ».

Aucune inquiétude, puisque c’est lui qui les nomme tous. Comme celui de la CENI. L’adage guinéen est explicite : « On ne mord pas la main qui vous donne à manger.»

DS