Mamadou Sylla, le leader de l’Union démocratique de Guinée et chef de file de l’opposition (sic) ne cautionne pas un troisième mandat pour le Président Alpha Condé. Avec ses quatre députés au Parlement, M.Sylla a pu s’octroyer un groupe parlementaire. ‘’L’Alliance patriotique’ regroupe quatorze députés, étiquetés opposants parlementaires. Le leader de l’UDG qui se dresse ouvertement contre un troisième mandat en Guinée, n’exclut pas pour autant de candidater même si le Président Alpha Condé décide de se représenter le 18 octobre. A cet effet, Mamadou Sylla manœuvre discrètement pour fédérer des partis autour de lui afin de s’offrir une candidature unique, semble-t-il, au nom de l’opposition. Il a déclaré, le 13 août sur Espace Fm, qu’il a reçu quarante-cinq autres partis politiques, répartis en quatre groupes, avec lesquels il est en train de négocier pour une candidature unique. «Nous sommes en train de négocier et les négociations sont très avancées. On va bientôt signer avec certains groupes. Et tous ces groupes sont d’accord que l’on présente un seul candidat à l’élection présidentielle.»
En outre, le 27 juillet à Conakry, le groupe parlementaire Alliance patriotique a publié une déclaration pour désapprouver les ambitions politiques avérées du Président Alpha Condé de rester au pouvoir. Bien que celui-ci hésite encore à se déterminer, malgré la convention de son parti le portant candidat, le 5 août. «Une candidature à un troisième mandat (de fait) même si elle peut être juridiquement défendable, se trouve aux antipodes des valeurs morales et éthiques si chères à notre groupe parlementaire, dans sa quête d’une alternance démocratique vertueuse. Nous apportons une entière solidarité aux revendications sociales et citoyennes portées ces derniers jours par les populations guinéennes dans leur légitime combat pour un mieux-être social. Nous dénonçons toute forme de répression face à ces manifestations et exhortons les autorités à faire preuve de retenue et de professionnalisme dans la gestion de cette crise», lit-on dans la déclaration.

Mamadou Sylla rumine son statut

Cellou Dalein Diallo, le président de l’Union des forces démocratiques de Guinée et chef de file de l’opposition «sortant», selon Mamadou Sylla, avait récolté 37 députés à l’issue des élections législatives de 2013. Par contre, le leader de l’Union démocratique de Guinée, « mis devant le fait accompli » à la veille des législatives du 22 mars, n’en a glané que quatre. D’où la mise en cause de son statut de chef de file de l’opposition. Mais, il ne baisse pas les bras pour autant. Bien au contraire, il persiste dans sa quête permanente de reconnaissance de son statut. Leur déclaration du 27 juillet dernier en avait déjà fait cas : « Alliance patriotique insiste sur le respect de la loi portant chef de file de l’opposition parlementaire, avec toutes les prérogatives liées au statut de l’honorable El Hadj Mamadou Sylla de l’Alliance patriotique.» Le 10 août, il est revenu à la charge : «Tout parti qui vient après la majorité à l’Assemblée nationale, devient automatiquement le chef de file de l’opposition. Si le chef de file n’existe pas, c’est que le président de l’Assemblée nationale n’est pas égal, non plus. Parce que l’un ne peut aller sans l’autre. On ne peut pas m’enlever cela, car je suis la deuxième force politique au Parlement. Même Cellou Dalein Diallo, le sortant, n’est pas contre cela. Sauf si on organise d’autres élections législatives. Et dans ce cas, celui qui viendra devant moi, je me plierai.» Selon Mamadou Sylla, le Président Alpha Condé devrait céder le pouvoir aux autres, vu son parcours de combattant politique.

Yaya Doumbouya