Oumar Sylla alias Foniké Menguè a de nouveau comparu ce 13 août, au tribunal de première instance de Dixinn. Ce membre de la coordination du Front national pour la défense de la Constitution est accusé par le parquet «de communication et de divulgation de fausses informations, de menaces, notamment de mort ou de violences par la mise à disposition d’autrui d’informations de nature à troubler la sécurité publique.»
Ce jeudi 13 août, les débats ont tourné autour de la présentation d’un scellé qui, selon le mystère public, contiendrait des pièces à conviction. Deux téléphones et un CD audio contenant « les propos » incriminés de Foniké Menguè : « Les deux téléphones m’appartiennent, ils me les ont retirés au moment de mon kidnapping. Mais, je suis surpris de voir un CD devant vous. A toutes les étapes de la procédure, on ne m’en a jamais parlé », déclare Foniké Menguè. Seul problème, c’est que les avocats (sans vinaigrette) de l’activiste ne comprennent pas pourquoi ces propos incriminés n’ont pas été transcrits. Ils estiment que ce scellé tombe dans cette procédure comme un cheveu dans la soupe : « A aucun moment, nous a-t-on exhibé un CD. Pour nous, les principes du droit sont biaisés. Nous vous demandons d’écarter cet élément, » réagit Me Thierno Souleymane Barry. Et le pro-crieur de la roue-publique de rétorquer : « Oumar Sylla n’a jamais coopéré, il a passé son temps à dire qu’il n’a rien à dire. On lui a montré le CD ; il a refusé de parler. Comment voulez-vous qu’un juge prenne le temps de transcrire des propos quand l’accusé refuse de coopérer. Ce n’était pas nécessaire ».
La défense a, à son tour, transmis un autre CD contenant, selon elle, des éléments qui prouvent que leur client n’a pas fait d’allégations mensongères : « La dernière fois, le ministère public a dit que ce n’est pas l’État qui tue, mais ceux qui cherchent le pouvoir. Nous, nous voulons démontrer le contraire. Nous vous prions de faire écouter les éléments pour vous montrer que notre client n’a pas tenu de fausses informations» assure Me Pépé Antoine Lamah. « Vous pouvez parler de ces éléments dans vos plaidoiries, » tranche le juge, Alphonse Charles Wright.
Les propos de Foniké Menguè sont écoutés. Il les reconnaît : « Je les assume au nom et à l’honneur du peuple de Guinée ». Le juge suspend l’audience.
A la reprise, la défense renouvelle la demande de mise en liberté de leur client. Cela a provoqué l’ire du mystère public: « Oumar Sylla n’est pas n’importe qui au sein du FNDC. Il a une personnalité très forte. Nous avons pris des informations sur lui, il a une très grande capacité de mobilisation. Rejetez la demande, sinon, il peut renouveler le comportement infractionnel. Si vous le libérez, il y aura des remous ».
Me Pépé Lamah est catégorique : « Le procureur prouve-là que nous avons affaire à un parquet militant. Il montre que nous sommes face à un procès politique.» Me Mohamed Traoré renchérit : « Nous ne voulions pas le dire, mais nous avons affaire au bras judiciaire du 3è mandat». Le juge rejette une nouvelle fois la demande, au motif qu’il y aura : « de sérieux risques de troubles à l’ordre public. » Il renvoie l’affaire au 20 août prochain pour la suite des débats.
Cette audience s’est déroulée sous haute surveillance. Un dispositif sécuritaire impressionnant, composé d’une quinzaine de pick-up de la police et de la gendarmerie était déployé tout autour du tribunal.
Yacine Diallo