La CENI et son nouveau patron, Kabinet Cissé, ne sont-ils pas en train de tout faire pour aider Alpha Condé à opérer facilement son passage en force le 18 octobre prochain ? L’on est tenté de répondre par l’affirmative si l’on se réfère à la manière par laquelle se déroulent les opérations de révision des listes électorales. Cette révision qui a démarré le 20 juillet dernier prend officiellement fin ce lundi, 3 août, sur toute l’étendue du territoire national. Déjà ramenée à un délai de 15 jours au lieu de 90, elle porte, selon la CENI, sur les 2 400 000 électeurs retirés du fichier à la veille du double scrutin du 22 mars, ceux qui ont eu 18 ans et ceux qui ne s’étaient jamais fait recenser, n’a pas du tout connu d’engouement. «Les gens ne viennent pas. Je ne sais pas si c’est la communication qui fait défaut ou si c’est la lassitude. Mais nous n’avons jamais recensé plus de dix personnes par jours depuis le début,» déclare un agent recenseur dans une CAERLE de la commune de Ratoma.
Sur le terrain, surgissent d’autres difficultés. Bien des citoyens qui voulaient apporter des corrections ont constaté que leurs noms ont disparu de la liste. Pendant la révision des listes électorales fin 2019, un récépissé contenant la photo, les empreintes digitales et les autres données étaient remis à ceux qui se faisaient enrôler. Cela a disparu, la CENI se contente d’émettre un récépissé sans photo, sans empreintes et dont les informations sont écrites à l’aide d’un stylo.
Mais Mamady III Kaba, porte-parole de l’institution ne voit pas le problème du même œil. Il estime que le travail se fait de la meilleure des manières : «Cette révision à titre exceptionnel a été au complet. Mais il reste cette journée de lundi pour nos concitoyens qui ne se sont pas fait enregistrer. La question d’affluence doit être relativisée dans la mesure où la révision ne concerne pas l’ensemble des citoyens guinéens. C’est une révision qui ne concerne qu’une partie des électeurs. C’est vrai que par endroits, il n’y a pas d’engouement, c’est un fait».
Mamady III Kaba exclut cependant toute prorogation du délai des opérations de révision : «Ce qu’il faut noter, c’est que nous avons un chronogramme qui prévoit une période de 15 jours. Nous avons fait une campagne de sensibilisation, des organisations de la société civile ont été mises à contribution pour sensibiliser les citoyens concernés par la révision, des spots publicitaires ont été faits, le personnel, les commissaires de la CENI ont été déployés pour coordonner ces activités. Des efforts ont été faits par la CENI. Si les citoyens ne répondent pas, cela n’est pas imputable à la CENI. Il n’y a pas de raisons de proroger les délais».
Yacine Diallo