Nous avons eu sans surprise aucune, l’annonce tardive de la candidature de l’actuel chef de l’Etat guinéen, pour un troisième mandat, illégal au regard de la Constitution sur laquelle il avait prêté serment, deux fois. On ne peut même pas appeler cet épisode, un épilogue, mais plutôt la continuité d’un processus implacable, mené de mains de maître depuis de nombreuses années, pour en arriver là. Contrairement à ceux qui en doutaient, jusqu’à la dernière minute, à l’UFD, nous avons été les premiers à dénoncer ce qui se tramait. Depuis 2016, même alliés du RPG, nous avions sonné l’alerte. Des archives existent pour le prouver.
Voilà donc, le « changement dans la continuité » ! La Guinée, depuis 1958 n’a jamais été gouvernée que par des présidents à vie, se cramponnant au pouvoir par la dictature, la répression sanglante, la corruption et les élections truquées, bloquant toute alternance démocratique. Nous savons tous que ce que ce la situation tragique de la Guinée, un des pays les plus misérables et les plus corrompus du monde, est inséparable de la succession interminable des présidents que seul peut enlever du pouvoir, les lois de la biologie. Les dix années du Président Alfa Kondé laissent des espoirs déçus, un pays exsangue, une population misérable et une jeunesse désespérée et en prime, de nouveaux riches !
Il est regrettable que le Président Alfa Kondé, plutôt que d’être un pionnier, un innovateur, en acceptant de se retirer dans l’honneur et de se tailler une place enviable de sage et de conseiller de ses successeurs, ait choisi de violer toutes les lois sacrées du pays, pour rester au pouvoir. Au-delà de toutes ses bonnes intentions pour le pays, il n’aura été que le continuateur d’un système corrompu à l’extrême et ethniciste, condamnant le pays à la misère, à la régression et le pillage des ressources naturelles, pour nourrir une classe prédatrice insatiable et parasitaire.
Pour nous donc, cette annonce est presque un non-événement. La lutte du peuple de Guinée pour la véritable démocratie, l’unité, la justice sociale et le progrès économique et social, doit plus que jamais continuer, en tirant les amères leçons de cette triste expérience de 62 années d’indépendance perdues.
La seule voie de salut n’est pas de changer d’occupant du palais présidentiel, mais de sortir de ce système qui se reproduit sans cesse, pour le plus grand malheur du peuple de Guinée.
Conakry, le 1er septembre 2020
Mamadou Baadiko Bah