Lancée le 18 septembre, la campagne électorale pour la pestilentielle du 18 octobre connaît déjà nombre  d’excès et d’irresponsabilités dans les discours politiques. L’ethnocentrisme et le communautarisme malmènent fort bien le tissu social au profit des politicards sans scrupules. Le premier artisan est connu : il s’appelle Prési Alpha Grimpeur. Au début de sa campagne en visio-conférence, exécutée depuis sa tanière de Sékhoutouréya, le chef de l’Etat  s’est, de nouveau, illustré par un retour vers la fibre ethnique au service de sa politique de diviser pour régner. Le Manding-Djalon est encore frais dans les esprits. Déjà, le 23 septembre, le Front national pour la défense de la Constitution, a même saisi la Cour pénale internationale.

Invité de l’émission Œil de Lynx de ce 25 septembre, Me Mohamed Traoré, avocat sans vinaigrette au barreau de Guinée, a estimé que le camp pestilentiel ne devrait pas tenir des propos enclins à la division et à l’ethnocentrisme. L’heure est à la confrontation des bilans. Selon l’avocat sans vinaigrette, pour conduire un processus électoral paisible, il faut que les candidats eux-mêmes aient un discours responsable, un discours de paix, car la paix ne se décrète pas. Mais «lorsque l’on parle de paix d’un côté et de l’autre, on tient des discours incendiaires, je pense que  l’on n’a pas le droit de rêver à la paix. Ces discours qui sont tenus actuellement, surtout ceux du Président de la République, doivent changer, parce que comme on dit, l’exemple doit venir d’en-haut.» Le Grimpeur en campagne en tant que candidat, ne veut point renoncer à ses privilèges de président de la république ; c’est pourquoi, estime Me Traoré, de la même manière qu’il garde ses privilèges, de la même manière il doit soigner son langage, son comportement et ses actes. 

«C’est une manière d’intimider les autres»

A l’orée de la campagne électorale, la Haute Autorité de la Communication a pris une décision réglementant les activités des médias publics et privés pendant la couverture médiatique de la campagne pestilentielle. En son article 13, l’institution rappelle que «ceux qui offensent le Président de la République s’exposent aux sanctions prévues à l’article 98 de la loi L2010/002/CNT portant liberté de la presse.» Pour Me Traoré, la HAC a rappelé cette disposition comme s’il s’agissait «en quelque sorte de faire peur aux autres candidats, parce que dans tous les cas, le chef de l’Etat est en campagne, il ne faut pas le voir en chef de l’Etat, mais en candidat. De ce point de vue, il est sur le même pied d’égalité que les autres candidats. Donc, vouloir rappeler les règles relatives à l’offense du chef de l’Etat, c’est une manière indirecte d’intimider les autres candidats. Le président doit garder pendant la campagne, toutes les prérogatives liées à sa fonction de président. Et lorsqu’il s’adresser à ses militants ou aux Guinéens en tant que candidat, il ne peut en principe prévaloir des privilèges et autres qui sont liées à la fonction du président de la république. Je pense que les candidats devraient être traités de la même manière, sans aucune distinction dès lors qu’ils concourent au suffrage populaire. Mais dans notre pays, le mélange des genres est trop fréquent. Il y a une distinction entre le candidat et le président, même si la loi ne le dit pas expressément. Je pense que c’est clair et net.»

Le Prési Alpha Grimpeur le sait autant que ses compatriotes, mais il n’en a cure.

Yaya Doumbouya