Les déboires judiciaires pourraient s’enchainer pour le tout puissant Directeur central de la police judicaire, le commissaire Fabou Camara. Alors qu’Oumar Sylla, dit Foniké Menguè, a annoncé sa volonté de le traduire devant la justice, ses collègues du Front national pour la défense de la Constitution, Ibrahima Diallo et Sékou Koundouno, eux, passent à la vitesse supérieure. Ils ont décidé de porter plainte contre Commissaire Fabou et Mohamed Lamine Simakan, patron de la BRI, pour dénoncer la manière dont ils ont été arrêtés au mois de mars dernier. Fabou Camara et Lamine Simakan sont accusés de violences volontaires, violation de domicile, destruction de biens, atteinte à la vie privée. Ces deux hautes personnalités du système répressifs guinéens sont citées à comparaître, le 24 septembre prochain devant le tribunal correctionnel de Dixinn « Cette plainte découle de la violation de mon domicile lors de notre arrestation. Des hommes armés, encagoulés, sont venus défoncer ma porte, violenter ma femme et nous enlever manu militari. C’est à cause de tout cela que nous nous sommes dits qu’il faut porter l’affaire devant la justice, parce que nos droits ont été violés » affirme Ibrahima Diallo, un des plaignants.
Mais on imagine mal la justice guinée-haine inquiéter ces deux pontes du régime grimpeur, quand on sait que Fabou Camara rend encore de loyaux services au pouvoir dans l’acharnement contre les opposants à la nouvelle Constitution. Mais Ibrahima Diallo ne désespère pas. « Nous ne pouvons rien dire pour le moment. Nous faisons ce que la loi nous autorise de faire. La suite du dossier ? C’est l’opinion qui jugera ».
Interpellés dans un premier temps le 12 octobre 2019, Ibrahima Diallo et Sékou Koundouno ont été libérés par la Basse-Cour d’appel début novembre en même temps que d’autres responsables du Front national pour la défense de la Constitution. Mais Ibrahima Diallo et Sékou Koundouno, respectivement responsable des opérations et responsable des stratégies et de la planification, eux, ont été interpellés de nouveau par les sévices de la Brigade de répression et d’intervention, dans la soirée du 6 mars 2020 au domicile d’Ibrahima Diallo, au quartier Démoudoula, dans la haute banlieue de Cona-cris. Ils ont été interpellés après une conférence de presse pendant laquelle ils ont dénoncé les multiples cas de kidnapping depuis que le combat contre le tripatouillage constitutionnel a été enclenché. Ils pointaient du doigt la responsabilité du Directeur central de la police judicaire, le commissaire Aboubacar Fabou Camara. Ils ont été conduits à la DPJ, déférés au parquet de Mafanco où ils ont éété inculpés pour outrage à agent, violence et voies de faits (article 658 et suivants du Code pénal) et production, diffusion et mise à disposition d’autrui de données de nature à troubler la sécurité publique ou à porter atteinte à la dignité humaine (articles 31, 32 et suivants de la Loi 037 portant sur la cyber-sécurité), avant d’être écroués à la l’hôtel cinq étoiles de Coronthie. Mais une semaine plus tard, la première chambre de contrôle de l’instruction de la Basse-cour d’appel de Cona-cris a ordonné la remise en liberté d’Ibrahima Diallo et de Sékou Koundouno. Les deux activistes sont sortis de prison le 13 mars.
Yacine Diallo