L’adage africain recommande de ne pas croiser les bras quand la maison du voisin brûle, on ne sait jamais qui sera la victime suivante. Les voisins ivoiriens se retrouvent dans la même tourmente du 3è mandat. Le problème est si préoccupant que chacun ne lorgne que vers ses oignons. Pourtant, les similitudes ne manquent pas. Les intérêts communs qui nous feraient unir pour un combat commun ne manquent pas! Même complexité de situations !

L’opposant historique, Mandela guinéen doublé d’Obama africain, Son excellence Alpha Grimpeur, s’est allié au messie ivoirien, Alassane Ouattara, pour essayer d’imposer un coût d’arrêt inacceptable à la démocratie et installer durablement la dictature en Afrique de l’Ouest. Pourtant, à ces deux-là, les populations ivoiriennes et guinéennes qu’ils veulent subjuguer aujourd’hui, chacun de leur côté, ont tout donné :Tout : deux mandats à chacun d’eux. Avec les pleins pouvoirs dans tous les domaines ! Nous voici face à de la confiture donnée aux cochons. Puisqu’en retour, les deux despotes ne souhaitent absolument pas partir, même avec les honneurs dus à leur rang. Au contraire ! Dans sa brutalité légendaire, Alpha Condé a expliqué : « le scrutin du 18 octobre 2020, c’est la guerre. » Étant le seul qui soit armé, ce ne sera nullement la guerre. Ce sera le massacre. L’extermination. Le pogrom. Toutes les horreurs imaginables ! Vous-vous rendez compte ? La Guinée lui offre l’honneur sur un plateau d’argent, il lui retourne l’horreur dans toute sa nudité. Où est donc passée la voie l’alternance ? Est-ce la guerre, le chemin de l’avenir ?

Alassane Ouattara aussi s’est quasiment logé dans le même cynisme. La Côte d’Ivoire lui a tout donné. Il a rendu une partie en bien, mais son intime souhait est de confisquer tout le reste, dont la liberté, l’alternance, l’avenir du pays. Celui qui a soigneusement évité de se faire appeler Mandela ou Obama s’avère nettement plus dense, plus fin, aussi cynique que son compère guinéen. Ouattara part d’un argument pas très bête aux yeux de nombreux Ivoiriens : à un moment donné de l’histoire récente de son pays, il était quasi impossible de voir coexister Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo et la Côte d’Ivoire. Une telle situation ne saurait durer, si tant est que la justice humaine possède un sens. Gbagbo a été conduit à la Haye sous bonne escorte. Maintenant, il doit revenir. Au pouvoir ? Les Ivoiriens répondront ferme, ils le connaissent. Mais, il faut que la question lui soit posée. Ce n’est pas à Alassane de le faire, surtout pas par un juridisme éhonté. Le pays d’Houphouët lui a déjà tout donné. Jusqu’à l’état civil à géométrie variable. Ado connait comment il a été Burkinabè pour entrer vice-président à la BECEAO. Ivoirien, il est passé chef suprême de la vénérable institution. Economiste hors-pair, la Côte d’Ivoire l’a envoyé seconder le patron du FMI, à Washington, l’a rappelé à la Primature quand il fallait pour sauver les meubles. En compagnie de Guillaume Soro, qui « a exposé sa poitrine,» il a gagné la guerre civile post-électorale. Il s’est installé sur les trois mille morts que la guerre a coûté, et qui pèsent probablement très peu chez Alpha Condé à présent. En 2020 Alassane est encore à la manœuvre « pour être obligé » d’aller à un 3è mandat. Non, ADO, les cimetières sont pleins d’hommes indispensables ! Vous le savez !

Diallo Souleymane