Le ministre de l’industrie et des petites et moyennes entreprises, Tibou Kamara, a rencontré les acteurs industriels, ce mardi à Conakry. L’objectif est de discuter des problèmes des industriels et d’en trouver des solutions. 

Des problèmes, les industriels en ont des tonnes : difficultés d’accès à l’électricité, et le peu fourni est hors de prix, la concurrence du secteur informel, une pression fiscale énorme, l’accès au financement (90% des PME guinéennes fonctionnent sur fonds propres) et les routes cabossés. 

Éric Benjamin Colle de Topaz a expliqué au ministre Tibou que le port de Conakry est engorgé : “Les camions ne peuvent pas faire deux  voyages entre le port et Madina, les routes sont dégradées, le coût de l’électricité est énorme. Nous avons peur que la concurrence malienne, ivoirienne, sénégalaise nous bouscule avec l’entrée en vigueur de la ZLECAF, « la zone de libre-échange économique africaine.» 

Dame Touré Juliette, membre de l’Association des entreprises et industries de Guinée, pointe la main d’oeuvre non qualifié : “Vous nous demandez de tenir la concurrence, on a des entreprises, mais nous n’arrivons pas à vendre ici même, c’est difficile d’aller vendre dans la sous-région. Nous avons un problème de main-d’œuvre. Les nouvelles machines, pour les manœuvrer nous sommes obligés de former nos travailleurs, parce qu’ils ne savent pas utiliser les machines”. 

El Hadj Mamadou Saliou Diallo, Sonoco, abonde dans le même sens : “On ne doute pas que la Guinée aille vers l’industrialisation, mais on importe la matière première et la main d’oeuvre, en Guinée on forme des chômeurs, pas d’industriels. Donc, demandez-nous de quelle main-d’œuvre nous avons besoin, puis on forme en fonction des besoins. Avec l’épidémie, certains de nos travailleurs étrangers sont rentrés chez eux, c’est à l’aéroport qu’ils nous informent, aucun guinéen ne peut les remplacer. Et les routes sont mauvaises, Conakry-Mamou nous coûte plus cher qu’Allemagne-Conakry. S’il n’y a pas de solutions, avec la ZLECAf, on va fermer”.  

M. Jacques Théa, président de la fédération patronale de l’hôtellerie et du tourisme, a attiré l’attention du ministre sur la difficulté des hôteliers qui manquent de clients, et la fermeture des motels et auberges alors que le décret du Président ne le mentionne pas ; puis, le manque d’écoles adéquates de tourisme: “Il n’y a pas d’écoles de formation hôtelière, les directeurs des hôtels sont des étrangers, les hôtels sont 5 étoiles, mais le service n’est pas 5 étoiles”.  

Le ministre Tibou a reconnu que les problèmes soulevés sont réels, et a promis des rencontres plus larges. Il a également exposé: “Le secteur privé est moins organisé, on n’a pas d’interlocuteurs institutionnels, même les partenaires nous parlent de ce problème, il n’y a pas d’organisation représentative du secteur privé. Je vous ai entendu, en fonction des problèmes, nous jugerons de l’opportunité d’élargir les consultations avec les autres ministères. C’est vrai qu’il n’y a pas d’industries sans infrastructures, nous avons exploré toutes les solutions et nous continuons. Pour l’électricité, il y a eu Kaleta, Souapiti est en cours. On va explorer le solaire et l’éolienne aussi”. Sieur Kamara a répondu à M. Théa que sur le plan de la riposte au Covid-19, les hôtels ont bénéficié des allègements et des subventions de la part de l’État. M. Théa est revenu à la charge pour expliquer au ministre qu’il n’y a eu rien de tout cela, le gouvernement a plutôt remboursé des dettes aux hôtels. Et qu’à date, dit-il, les agences de voyages n’ont toujours pas reçu le montant annoncé. 

El Hadj Mamadou  Saliou Sonoco voudrait que le ministre s’occupe des industriels, conformément aux objectifs de son ministère au lieu de parler des problèmes de commerce ou d’hôtels. S’il y a un perdant pendant cette période d’épidémie, c’est bien les industriels, et ils n’ont pas reçu de subvention. Même qu’il n’apprécie pas la décision de suspendre le paiement des taxes des entreprises, parce que de toute façon, les industriels vont payer. 

Oumar Tély Diallo