Dans la soirée du 7 septembre, des jeunes en colère ont investi la rue, au quartier 400 Yomboya, à l’entrée de la ville de Boké. Ils ont érigé des barricades, versé de l’huile de vidange sur la chaussée et brûlé des pneus pour protester contre le meurtre d’un jeune élève, candidat et en attente des résultats du brevet. Boubacar Barry allias Petit Barry, a succombé à ses blessures dans la matinée de lundi 7 septembre, à l’hôpital Donka, Con-crime. Dès l’annonce du décès, les jeunes sont descendus dans la rue. Pandores et flics sont intervenus, les uns postés, les autres en patrouille. Amadou Diarouga Barry, le frère de la victime, a expliqué que les agents de sécu-raté ont fait usage de gaz lacrymogènes dès leur descente sur les lieux. «Aussitôt, les jeunes se sont dispersés dans le coin. On a trouvé mon frère Boubacar Barry par terre, inconscient. Il a d’abord été admis au service des urgences de l’hôpital régional de Boké avant d’être évacué à Conakry, à l’hôpital Donka, le dimanche 6 septembre, à 18 heures.»
Tout est parti dans la soirée de ce samedi 6 septembre quand des forces de désordre ont fait une descente musclée dans une zone fréquentée par la jeunesse, dans la commune urbaine de Boké. Lorsque ce beau monde a pris la fuite, les agents se sont lancés à sa poursuite. Ils ont pu rattraper Boubacar Barry. C’est là qu’ils se sont mis à le bastonner « sévèrement jusqu’à l’agonie.» Une autre version, proche des flics, affirme que Petit Barry serait tombé par la nuque pendant que les agents pourchassaient des présumés consommateurs de chanvre-indien.
C’est l’occasion de rappeler qu’il y a une quinzaine jours, le 20 août à Dalaba, des échauffourées dues à des causes similaires ont éclaté entre forces de désordre et jeunes. Le meurtre d’un citoyen par balle de la part des agents de sécu-raté a entraîné une colère populaire, laquelle a conduit à l’incendie partielle de la gendarmerie.
Libération conditionnée
Le 7 septembre, des jeunes riverains de la société minière COBAD (Compagnie de bauxite et d’alumine de Dian-Dian) qui exploite la bauxite dans un bled de Sangaredi, ont barricadé la route. Ils accusent la société de n’avoir pas pris en compte leurs revendications. Des jeunes ont été arrêtés par les forces de sécu-raté. Selon nos confères de Ledjely.com, la gendarmerie de Sangarédi a exigé un paquet de sept millions de francs glissants en échange de la libération des jeunes. «La COBAD est une société qui nous a impacté depuis 2017. Donc vu cela, on les a régulièrement appelés autour de la table des négociations en leur déposant beaucoup de courriers dans lesquels nous avons dénoncé la pollution des eaux, suivie de la destruction de l’environnement par la COBAD et aussi le manque d’emploi des jeunes résidents afin de réclamer nos droits communautaires, mais en vain», rappelle un manifestant. Et de préciser : «Un jour le maire nous a appelés pour nous dire que la société veut nous rencontrer pour un entretien et nous sommes venus ce jour ; on était plus de trente jeunes. On a rencontré le maire et c’est dans la salle des négociations que le maire nous a informés que la société ne pouvait pas être présente, que leur directrice des ressources humaines est malade. C’est ainsi qu’on a su à travers leur réponse qu’ils n’ont pas la volonté de nous rencontrer et de nous satisfaire. Et nous sommes repartis pour un autre rendez-vous qui n’a jamais abouti. Et on a fait une annonce pour leur dire que s’ils ne nous appellent pas avant le 7 septembre pour discuter des problèmes de la communauté, l’on va manifester pour réclamer nos droits.» C’est cela le fond du problème. Est-ce la raison pour tuer un jeune comme Petit Barry ?
Yaya Doumbouya