Il faut bien le rappeler, les jeunes de l’Axe Hamdallaye-Bambéto se sont toujours vaillamment battus pour la démocratie et l’Etat de droit en Guinée. Beaucoup leur en savent gré et les qualifient de combattants. S’ils ont été martyrisés depuis le régime de Fory-Coco, l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir, il y a dix ans, n’a pas amélioré la situation. Tout porte à croire plutôt que les répressions de manifs sociopolitiques sur l’Axe-Bambéto ont été beaucoup plus féroce sous l’opposant histo-risque que sous ses prédécesseurs. C’est au carré du cimetière de Bambéto que reposent le plus grand nombre de ces victimes. A l’occasion des manifestations, flics et pandores ont toujours réprimé les manifestants aux mains nues. Et ces répressions ne font l’objet d’aucune poursuite judiciaire bien que les médias et les défenseurs des droits humains aient toujours tiré la sonnette d’alarme. Plutôt, coupables et commanditaires de ces exactions se la coulent douce et bénéficient même de promo !

Une aubaine

Les manifs sur l’Axe-Bambéto constituent–elles alors une véritable aubaine pour les flics et les pandores ? En tout cas, s’ils ne sont pas abattus comme du gibier, les jeunots pour la plupart innocents, sont arrêtés et embarqués à destination des bases des CMIS et des escadrons de la commune de Ratoma. Le populo se plaint de ces flics et pandores et les accuse d’avoir avoir tué, tabassé les jeunes, et proféré des injures à caractère ethno à leur endroit, en leur retirant fric et téléphones portables. Dans la journée du 3 septembre, des parents de détenus à la CMIS 2 de Soloprimo (Koloma) s’apitoyaient à côté de cette base des flics dans l’attente de la libération de leurs fistons. Sous le couvert de l’anonymat, une jeune nounou dont le jeune frère est détenu, se lamentait parce que les flics leur exigeaient deux millions de nos francs glissants pour libérer le gamin qui a été arrêté la veille à Hamdallaye (pharmacie) par les flics. Selon la sœur, les larmes aux yeux, le détenu qui est blessé au niveau de la tête, ne manifestait même pas dans la rue, il a été arrêté dans le quartier au moment où ses amis et lui étaient autour d’une tasse de thé. Avec ses parents, la jeune nounou qui se débrouille dans un centre de prestation de service pour gagner son pain quotidien, avait pu cotiser sur place pour trouver la somme de trois cent mille francs glissants que les flics n’ont pas acceptée, arguant que le montant est insuffisant par rapport aux deux briques exigées. Rappelons que cette nounou n’était pas la seule sur les lieux, « Vous savez que malgré nos difficultés sur le plan financier en ces temps difficiles, nous sommes obligés de collecter le montant exigé, sinon ils risquent de déférer les détenus », explique l’un des parents qui a lui aussi préféré requérir l’anonymat. Selon eux, les montants varient entre cinq cent mille et deux millions de francs glissants. Le scrutin du 18 octobre qui approche à grands pas risque fort d’aggraver la situation avec les tensions sociopolitiques prévisibles.

Bah Mamadou