Investi candidat de l’UFDG, dimanche 6 septembre, Cellou Dalein Diallo veut croire en ses chances de remporter la présidentielle du 18 octobre face à Alpha Condé. Outre les urnes, il ne veut pas renoncer aux manifestations de rue et à son statut de membre du FNDC.
Si Cellou Dalein Diallo remporte la présidentielle du 18 octobre, il prêtera serment sur la Constitution du 6 avril 2020. Une Loi fondamentale qu’il ne reconnaît pas – l’opposition, dont l’UFDG, avait boycotté le référendum du 22 mars au cours duquel le texte fût adopté à la soviétique.
Comme Alpha Condé qui fait croire que sa caution a été payée par les femmes, le président de l’Union des forces démocratiques de Guinée prétend répondre à une demande de sa base et satisfaire la soif d’alternance des Guinéens. Entre le 22 et le 26 août, des consultations ont été engagées au niveau des fédérations de l’intérieur et de l’extérieur qui, à plus de 88 %, ont répondu favorablement à la candidature du parti de Cellou Dalein Diallo, unique candidat à la candidature, selon Aliou Condé. Ce dernier a, au sein de l’UFDG, soutenu mordicus cette position de participation. Fodé Oussou Fofana, qui a défendu sans succès la ligne du boycott, est apparu la mine serrée dimanche au siège du parti. Lors du double scrutin du 22 mars, il avait défendu une position contraire et avait été encore battu par le secrétaire général du parti, Aliou Condé. Entre celui-ci et le président de l’UFDG, c’est une longue histoire d’amitié d’au moins deux décennies.
La double stratégie de Dalein
Lundi, lendemain de son investiture, Cellou Dalein Diallo, accompagné de sa femme Halimatou Dalein Diallo, est allé déposer son dossier de candidature à la Cour constitutionnelle. « Mon choix de diriger un parti politique procède d’une conviction inébranlable : pour accéder au pouvoir, il faut participer à des élections. J’ai fait le choix de conquérir le pouvoir par le biais de la confiance du peuple, qui s’exprime librement par le suffrage universel », s’est justifié le leader de l’UFDG qui, jusque-là jurait de ne pas aller à une élection avec Alpha Condé en quête d’un troisième mandat.
Entre poursuivre la politique de la chaise vide et aller à une élection que beaucoup considèrent jouée d’avance, la tâche n’était pas aisée. « Le choix de participer à une élection alors que la transparence et l’équité du scrutin ne sont pas garanties n’est pas facile à faire. La complexité de ce questionnement a hanté mes nuits traversées d’insomnies, mes journées chargées d’interminables rencontres avec des interlocuteurs issus de toutes les catégories socio-professionnelles. Fort de tous ces échanges, de tous ces avis, c’est maintenant à moi, en tant que président du Parti, qu’il est revenu de clôturer ces débats, en toute responsabilité ».
L’UFDG dans le FNDC
Cellou Dalein Diallo mise sur une double stratégie : les urnes et la rue. « En participant à cette élection, nous avons voulu, en plus des manifestations pacifiques auxquelles l’UFDG continuera de prendre part, transporter notre combat contre le troisième mandat dans les urnes, parce que nous sommes déterminés à user de tous les moyens légaux pour empêcher Alpha Condé de s’octroyer une présidence à vie », s’engage Cellou Dalein Diallo dans son discours réponse de vingt minutes, souvent interrompu par les ovations de ses militants, venus, outre des cinq communes de Conakry, de Coyah et de Dubréka. Celui-là a appelé ceux-ci à voter et sécuriser leurs suffrages, le 18 octobre prochain, tout en martelant que « 2020 ne sera pas 2010 ».
L’UFDG veut se battre dans les urnes, dans la rue et rester en même temps membre du Front national pour la défense de la Constitution. Or, aller à un scrutin qui a comme base légale la nouvelle Constitution, avec Alpha Condé candidat à un troisième mandat, est contraire à l’esprit du FNDC. Le faire, c’est s’exposer à l’exclusion. « Nous n’engagerons pas de polémiques avec le FNDC. Nous avons eu de longues périodes de collaboration et pensons qu’ils en tiendront compte pour prendre la bonne décision de maintenir ceux qui veulent rester », tempère Mohamed Keïta, président du Conseil national des jeunes de l’UFDG. Le FNDC se réunit mercredi pour trancher la question.
Diawo Labboyah Barry