Reporters sans frontières (RSF) se joint à son organisation partenaire Journaliste en danger (JED) pour dénoncer les attaques répétées et intolérables contre les journalistes de cette province congolaise et demander l’intervention du gouvernement central pour mettre fin à l’escalade.

Il devait prendre l’avion, il a atterri en prison. Mardi 15 septembre, François Lendo, le directeur de la Radio Télé Losanganya, a été arrêté à l’aéroport de Lodja, située dans le centre de la République démocratique du Congo (RDC). Le journaliste devait se rendre à un rassemblement du syndicat des journalistes congolais lorsqu’il a été interpellé. François Lendo a été arrêté après une plainte de Joseph-Stéphane Mukumadi, gouverneur en conflit avec l’assemblée provinciale du Sankuru qui estime l’avoir déchu de ses fonctions et qui ne reconnaît plus sa légitimité. Selon la plainte consultée par RSF le journaliste aurait accusé à l’antenne le gouverneur de semer “une campagne de terreur” et de procéder à des arrestations et actes de tortures contre ceux qui “tentaient de s’interposer”. Selon l’extrait audio consulté par RSF, ces propos n’ont jamais été tenus par le journaliste mais par un avocat de la société civile locale. Ils ont été initialement diffusés sur Top Congo avant d’être repris par la radio dirigée par le journaliste arrêté.

Joint par RSF, le gouverneur a estimé que ce journaliste n’était qu’un “animateur” travaillant pour le compte de son rival politique, Lambert Mende, qui s’est opposé à lui pour le poste de gouverneur. François Lendo dispose bien d’une carte de presse authentifiée par l’UNPC comme a pu le vérifier RSF. « Je vais me rapprocher de mes avocats pour voir comment une issue peut être trouvée” a-t-il précisé. 

“Il n’a fallu que quelques heures pour obtenir la preuve que le journaliste n’avait pas tenu les propos pour lesquels il est officiellement poursuivi mais il est pourtant détenu depuis deux jours, dénonce Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Cette nouvelle arrestation s’inscrit dans un climat de répression croissant contre les journalistes et médias locaux qui ne seraient pas favorable à ce gouverneur. La presse du Sankuru ne peut pas être l’otage des rivalités politiques locales et les autorités congolaises ne peuvent plus attendre que la liste des victimes s’allonge. Nous appelons le gouvernement à mettre fin à cette escalade en prenant les mesures qui s’imposent. Ce directeur de radio doit être remis en liberté sans délai et ce responsable politique sanctionné.”

En août, le directeur de cette radio avait déjà été arrêté à l’instar de deux de ses journalistes qui avaient même été torturés pendant leur incarcération. RSF avaient dénoncé ces violences ainsi que les raids des forces de sécurité pour fermer ce média et l’antenne locale de la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC/Lodja). JED, organisation partenaire de RSF, a depuis déposé une plainte contre le gouverneur du Sankuru. Ce lundi 14 septembre alors qu’il était convoqué par la justice militaire pour s’expliquer sur les faits qui lui sont reprochés, il ne s’est pas présenté devant l’auditorat militaire selon le responsable de l’enquête joint par notre organisation.

La RDC occupe la 150e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.