« S’attaquer à un domicile privé qui abrite les sages du pays, c’est aller trop loin » s’offusque Kalémodou Yansané

Kalémodou Yansané UFDG : Ce qui s’est passé à Tanéné est triste. El Hadj Sékhouna n’était pas à une manifestation de rue, il était à son domicile, clôturé, avec des sages du Foutah, de la Haute Guinée et de la Forêt pour la réunification de la Guinée. Qu’on ait eu le courage de s’attaquer à un domicile privé qui abrite les sages du pays, c’est aller trop loin. Il n’y a pas eu de réactions spontanées, parce que personne ne pouvait imaginer qu’on pouvait attaquer un sage de plus de 87 ans à son domicile. Notre pays est militarisé, je demande aux forces de défense et de sécurité d’avoir pitié de la population. Nous avons compté plus de 150 douilles de balles réelles au domicile de El Hadj Sékhouna, c’est le contribuable qui paie ces douilles, c’est lui équipe les militaires, les frome, les paie, je les invite à aller du bon côté de l’histoire.

Dans l’après-midi du septembre, le FNDC s’est réuni à son siège de Kipé pour condamner l’attaque contre le domicile d’El Hadj Sékhouna Soumah, Kountigui de la Basse-Guinée. Après lecture de la déclaration condamnant l’attaque, un certain nombre de leaders ont pris la parole.

Ibrahima Bangoura de l’UFR : En s’attaquant aux sages de nos quatre régions naturelles, le Président de la République, s’est attaqué à toute la Guinée. La société guinéenne repose sur des valeurs traditionnelles et morales. En s’attaquant à cela, il a prouvé qu’il ne respectera rien dans ce pays, pourvu qu’il perpétue sa dictature, son 3è mandat. Nous nous opposons à cette forfaiture, nous allons continuer la lutte jusqu’à ce qu’Alpha renonce à son 3è mandat. Même s’il nous l’impose, on va lutter jusqu’à ce qu’il tombe. Il faut qu’on s’organise, qu’on se lève contre cette dictature.

Bah Oury : Dans une pièce de théâtre, il y a la scène et les coulisses. En Guinée, on regarde surtout ce qui se passe au-devant de la scène. Il y a une fuite en avant du pouvoir pour imposer un 3è mandat. Mais dans les coulisses, il y a un pouvoir qui est en guerre contre les personnes morales, les personnes âgées, d’où l’attaque contre le domicile du patriarche de la Basse-Guinée. Il y a un divorce total entre le pouvoir et les doyens. Malheureusement, qui dit doyen dit toute la société guinéenne. Il est dit qu’un parti a un fief, ce fief est en ébullition contre des promesses non-tenues. Dans son propre fief, les jeunes ont dit que si les promesses ne sont pas tenues, ils vont empêcher le scrutin. La sagesse aurait voulu que, face à cette situation, il se dise qu’une page est en train d’être tournée. Il ne faut pas croire qu’en un claquement de doigts, les choses vont se transformer, c’est une lutte de longue haleine qui demande de repenser nos actions, nos stratégies, le temps du changement est proche.

Maimouna Bah FNDC : On est en Afrique, les plus grands symboles que nous avons sont les sages. Je ne sais pas quel message Alpha veut faire passer en brutalisant ces personnes chez elles. Les sages se sont retrouvés-là parce qu’ils sont inquiets. Aujourd’hui, Alpha Condé n’a de respect pour personne, on dirait que lui, il n’a pas de parents. Chacun a un père et une mère, et à grâce à cela, on respecte les pères et mères des autres. Alpha a prouvé qu’il n’a de respect ni pour la Guinée ni pour les Guinéens.

La Petite Cellule Dalein Diallo, arrivé en retard à la réunion est reparti aussitôt. Kalémodou Yansané qui a parlé au nom de l’UFDG explique que son président est parti au chevet des jeunes blessés lors de la manifestation du 1er septembre à Conakry. Une visite de courtoisie du FNDC est prévue au domicile du Kountigui de la Basse-Côte dans les prochains jours. Les concertations se poursuivent.

Oumar Tély