C’est désormais officiel, la Basse-Cour Constitutionnelle a validé ce mercredi 9 septembre, la liste des candidats en lice pour la présidentielle. Parmi eux, comme en 2010, Alpha Grimpeur et la Petite Cellule Dalein. La rivalité entre les deux larrons est telle que chacun a mobilisé comme il pouvait pour montrer à la face des Guinéens qu’il mérite de les tyranniser… pardon diriger pendant les six prochaines années, à l’occasion des dépôts de candidature. Si le match de la mobilisation a été largement remporté par Cellou Dalein, qui a consciencieusement paralysé la commune de Kaloum, il y a de quoi être émerveillé par l’incohérence de la situation. Incohérence pour ne pas dire indécence.
Il y a bientôt deux ans, le 28 septembre 2018, la Cour Constitutionnelle actuelle chassait de force Kèlèfa Sall. Ce juge, qui avait publiquement affiché son opposition à un troisième mandat d’Alpha Condé, est décédé après avoir été chassé et honni dans une manipulation violant tous les principes du droit. Tous s’accordaient à dire que ce monsieur n’aurait jamais accepté la mascarade qui a conduit au référendum du 22 mars 2020.
A l’époque, La Petite Cellule Dalein Diallo avait fustigé du bout des lèvres le « putsch » contre Kéléfa Sall avant de disparaître à l’étranger. Ce sont ses lieutenants qui avaient mené la charge, aux côtés de quelques figures comme Faya Milimono ou Sékou Koundouno, pour préserver la république que Cellou Dalein ambitionne de diriger. C’est à peine si quelques militants étaient présents. Ces pauvres républicains ont payé de leur personne leur tentative de défendre la Constitution de 2010, attaquée encore une fois de façon honteuse et délibéré. Les farces de l’ordre s’en sont donné à cœur joie.
Deux ans plus tard donc, c’est avec la mobilisation qui aurait pu empêcher nos « sages » « putschistes » de continuer leur forfaiture, qu’il vient y prendre part ! Loin d’en saisir les enjeux, ni lui, ni son fan club ne boudent leur fierté de la démonstration de force ainsi faite. « Il n’y avait presque personne quand Alpha y était ». « Entre les deux, qui est le vrai président ? », « On va les laminer dans les urnes », etc. Il y a des limites à la candeur. C’est bien cette Cour Constitutionnelle qui a validé le forcing qui nous vaut d’être la risée des juristes du monde entier et sur laquelle le prochain président prêtera serment.
Nous sommes le plus souvent à l’origine de nos malheurs. Que rajouter de plus ? Comme le disait Alan Paton, Pleure, ô pays bien-aimé ! Pleure sur l’enfant qui n’est pas encore né et qui héritera de nos bêtises. Puisse-t-il ne pas aimer trop profondément cette terre ! Puisse-t-il ne pas vivre dans la hantise de jours plus sombres que la veille ! Car c’est sur des vies comme les siennes que ses aînés se construisent.
Mohamed Diallo