La Guinée-Forestière a fait le compte après le dépôt des candidatures à la pestilentielle du 18 octobre prochain. Le montant de la caution est si élevé qu’il constitue à lui seul une barrière quasi infranchissable, près de 1 778 fois le SMIG. Le moyen est tout trouvé pour bloquer les candidats-plaisantins. Compte tenu de la rigueur imparable de sa gestion des affaires de l’Etat, le Président Condé lui-même, après dix ans au pouvoir, s’est senti obligé de grimper haut pour tendre la main aux braves militantes de son parti.
En revanche, ceux des candidats des deux sexes qui ont pu franchir l’obstacle, sont jugés sérieux et aptes à tenter leur chance. Mais tel n’aura pas été le cas du Dr. Edouard Zoutomou Kpoghomou, originaire de la Guinée-Forestière. La Cour Constitutionnelle lui a appris qu’il n’est pas en bonne santé, sans lui préciser ce dont il souffre. Probablement par respect pour le secret médical.
Passé le moment de surprise générale obligatoire, la Coordination nationale des unions forestières s’est réunie dimanche 20 septembre, sous la présidence de docteur Jean Diminy Tolno, pour dire à haute voix à l’intention de ceux qui orientent leurs mépris gratuits vers la Guinée-Forestière, que cette fois-ci, cela ne passera pas. Malheureusement, le Président-Grimpeur y est fortement indexé. Lisez plutôt !
«Le travail qu’on avait fait cette année avec la diaspora forestière, c’était de ne pas aller en rang dispersé dans des élections. Il faudrait qu’on s’arrange à ce qu’on puisse trouver un candidat consensuel qui doit être représenté au compte de la Guinée-Forestière. Alors, ces démarches ont été faites et le candidat a été choisi. Il a effectivement versé sa caution, il a répondu à tous les critères qu’il fallait. Mais voilà enfin de compte, notre candidat a été éliminé de la course. La raison pour laquelle il a été éliminé n’a pas été élucidée. Lui-même, il était étonné. Il a accompli tout, il ne sait pas pourquoi il a été éliminé. Qu’à cela ne tienne, nous, de la coordination, nous nous sommes dit que le choix est déjà fait. Nous ne pouvons pas prendre une autre position sans l’avis de notre candidat. C’est ce candidat qui doit orienter la Guinée-Forestière par rapport à ces élections à venir. Donc, il fallait venir rencontrer les fédéraux pour leur expliquer cela…
Si nous nous opposons au 3è mandat d’Alpha Condé, c’est compte tenu de beaucoup de facteurs. Depuis l’avènement du professeur Alpha Condé au pouvoir, la Forêt a été victime d’exactions, de tueries. Les fosses communes, c’est en Forêt. Près de 42 prisonniers déportés à Kankan. Aujourd’hui, la ville de N’Zérékoré est assiégée par les donzos et les Ulimos. La population de N’Zérékoré se trouve prisonnière dans sa propre ville. Donc, étant le premier responsable moral de cette région, je ne peux pas rester indifférent sans prendre une position vis-à-vis de tout ce qui se passe. Le professeur n’a jamais voulu enlever son manteau d’opposant.Il s’est opposé à qui? A la population. Nous sommes tous natifs de la Guinée. Pourquoi faire dos à cette Forêt ? Et tout le problème aujourd’hui, c’est vers la Forêt. Regardez ce qui s’est passé à Coyah lorsqu’ils ont mis le barrage, il y a eu des tueries ! Les gens qui sont morts là-bas, ce n’est pas le gouvernement qui a dépêché la délégation pour venir saluer avec les millions à l’appui et aller consoler les parents ? Par rapport aux exactions qui se font en Forêt, on n’a jamais entendu de déclaration, ni de condoléances de la part de notre premier responsable sur lequel nous comptons tous. C’est nous qui l’avons tous mis là où il est. Le poids électoral aujourd’hui, c’est la Forêt. Maintenant, s’il est au pouvoir aujourd’hui et qu’il ne trouve pas où faire ces exactions sauf en Forêt, voilà pourquoi les 4 coordinations se sont retrouvées pour pouvoir prendre une position par rapport à son 3e mandat.»