C’est tout le monde ou presque qui dit haro sur Alpha Condé et son idée de troisième mandat. Il y a un an s’ouvrait un front de lutte contre l’idée d’une nouvelle constitution qui laissait entrevoir la volonté d’Alpha Grimpeur de briguer un mandat de trop, après les deux constitutionnels qu’il n’a pas mis à profit pour sortir ses compatriotes de l’ornière. Au contraire, il en a profité pour diviser les Guinéens, réprimer dans le sang les manifestations des opposants à son régime.
L’ancien président en exercice de l’Union africaine a montré au monde que rien ne peut assouvir sa soif du pouvoir. A présent, l’ancien président de la FEANF fait de la Guinée et des Guinéens la risée des voisins et du monde. Une situation déshonorante qui ne joue pas en sa faveur. Des personnalités jadis neutres, issues de tous les secteurs socioprofessionnels s’affichent et ont décidé de lui faire barrage. Le principe est qu’il ne faut pas continuellement laisser un homme et son clan piétiner les lois de la République pour s’octroyer un pouvoir à vie et protéger ses intérêts au détriment de l’intérêt général. Si s’était arrivé au temps de Fory Coco avec l’aide des caciques qui rasent toujours les murs de Sékhoutouréyah, c’est le moment d’y mettre fin. Tout le monde appelle à un vote sanction contre le Grimpeur, lequel vote vaut une leçon et un avertissement à l’endroit de son successeur, comme quoi les Guinéens sont fatigués des présidences à vie et peuvent désormais d’user de leur pouvoir pour évincer tout président qui se hasarderait à jouer avec les lois de la République à des fins personnelles.
Pertes tous azimuts
Après 40 ans de combat dans l’opposition, Alpha a grimpé au pouvoir en 2010 de façon quasi-miraculeuse. On se fait l’économie de cette histoire particulière qui a permis à un candidat avec 18 % au premier tour de battre au second tour celui qui a obtenu plus de 43 % au premier tour.
Le premier universitaire à arriver au pouvoir en Guinée avait tout à gagner, d’autant plus qu’il s’était « auto-nommé » le Mandela de la Guinée et l’Obama de l’Afrique. Il avait oublié qu’il n’est pas facile d’incarner deux Prix Nobel à la fois quand on est hostile à la critique. On ne peut pas se comparer à un Mandela lorsqu’on use de la division et de l’ethno stratégie pour arriver à ses fins. L’ancien locataire de l’hôtel 5 étoiles de Coronthie avait tout à gagner s’il avait mis les Guinéens ensemble, s’il les avait traités équitablement. Il aurait conquis le cœur du Jury du Prix Nobel si pendant ses deux mandats il avait fait juger les crimes d’Etat commis en Guinée, reconcilié les Guinéens, et surtout s’il n’avait pas dressé les FDS (Forces de défense et de sécurité) contre des citoyens désarmés, faisant plus de 200 morts au cours de manifs sociales et politiques. Alpha Grimpeur aurait été un potentiel candidat au prestigieux Prix Mo Ibrahim, s’il avait fait preuve de bonne gestion des ressources publiques et qu’au terme de ses deux mandats, il avait organisé des élections transparentes, crédibles et inclusives qui déboucheraient sur une alternance pacifique. Hélas ! Le Grimpeur a perdu tous ces honneurs.
THD