Le bled connait des soubresauts depuis le 19 octobre, lendemain de la sélection pestilentielle. Des militants de l’UFDG, dont le leader s’est proclamé victorieux du scrutin du 18 octobre, ont affronté les farces de l’ordre et des bandes de jeunes se réclamant du parti au pouvoir, le RPG arc-en-ciel, pratiquement pendant toute la semaine qui s’est écoulée. Des morts un peu partout, dans les buissons de l’intérieur comme dans la capitale Cona-crime. Au delà des échauffourées, c’est la guerre des chiffres entre le goubernement, qui parle de 21 personnes assassinées, et l’UFDG, qui évoque une trentaine de morts. Parmi ces personnes tuées, il y a Amadou Baïlo Bah, 19 ans, apprenti menuisier. Ce jeune a été abattu d’une balle dans la tête, le 21 octobre, à Manguebounyi au quartier Sonfonia-rails.

« Il est allé faire la prière de l’Aube à la mosquée. Cest vers 8h qu’il est sorti de la maison. Il était avec un groupe de jeunes non loin de la concession de sa tante. C’est là qu’il a reçu une balle et est décédé avant même d’arriver à la clinique » explique Djénabou Bah, mère de la victime.

Amadou Baïlo Bah a été enterré par quelques proches en fin de soirée du mercredi, avant même qu’une autopsie ne soit effectuée pour déterminer avec exactitude les circonstances de son décès. Dame Djénabou Bah n’en revient toujours pas.

« Il avait fini son apprentissage, c’est nous qui lui avons dit de rester aux côtés de son maître au moins une autre année pour accumuler de l’expérience et avoir sa bénédiction. On m’a banalement arraché mon fils, que Dieu lui pardonne. Mais je ne pardonnerai jamais à ceux qui l’ont fait. Ils sont sûrement responsables d’une famille, et c’est eux qui viennent abattre celui qui était censé prendre ma famille en charge. Je ne le pardonnerai pas ».

Même si les autres victimes n’ont pas eu droit à la justice, la famille d’Amadou Baïlo Bah ne compte pas lâcher l’affaire, selon Mamadou Bobo Bah, oncle de la victime. « Nous sommes en concertation au sein de la famille, nous avons décidé de porter plainte contre les assassins d’Amadou. Si c’est vrai qu’on a une justice dans ce pays, de telles choses ne doivent pas se produire. Il faut que ce désordre s’arrête ».

Yacine Diallo