La Petite Cellule Dalein Diallo a surpris son monde en annonçant, pratiquement à la dernière minute, sa candidature à la sélection présidentielle du 18 octobre prochain. Même si l’UFDG avait laissé entrevoir des prémisses. La campagne, elle, a également démarré chez le principal parti de l’opposition de façon tardive. L’opposant, accompagné par une quarantaine de partis politiques, d’organisations de la société civile et des mouvements de soutien, est finalement descendu sur le terrain.

Cette campagne a été lancée officiellement, le 17 septembre, par le Prési de la République et candidat du RPG arc-en-ciel, Alpha Grimpeur. C’est le 5 octobre que La Petite Cellule Dalein Diallo, porté par l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (ANAD) est sorti de Cona-cris pour la Guinée profonde. La tournée devrait commencer par la Haute-Guinée, Kankan précisément. L’Alphagouvernance, décidée à mettre les bâtons dans les roues de l’opposant, l’en a empêché. D’abord en arrachant banderoles et portraits de La Petite Cellule Dalein Diallo dans les grandes villes de cette région, puis en laissant ses militants saccager par deux fois le nouveau siège de l’UFDG à Kankan, pourtant bâti sur un terrain qui appartiendrait au prési de ce parti depuis une dizaine d’années. Il s’est résolu à se rabattre sur la région forestière. Dans plusieurs villes, La Petite Cellule Dalein et ses militants ont dû attendre pour pouvoir tenir leur meeting. A Faranah, l’UFDG devait mobiliser ses militants le 5 octobre. Mais le PM, le Cas-sorry a atterri dans la ville, les obligeant à attendre le mardi. A Kissidougou, les autorités locales ont laissé croire aux responsables de l’UFDG qu’il pouvait tenir leur meeting au stade préfectoral. Le jour J, ils se rétractent. A Kankan, le RPG s’est carrément emparé du jour de l’UFDG. A Kindia également, ils ont dû plaider d’autres partis politiques pour trouver une date

L’état chaotique des routes

Le candidat de l’ANAD et sa suite ont parcouru plus de mille kilomètres pour battre campagne. Mais par les temps qui courent, le faire relève d’un véritable parcours de combattant, tant les routes sont mauvaises voire même catastrophiques. A commencer par la nationale n°1 Cona-cris Kindia. Quatre heures pour arriver à Kindia quand on a un bon véhicule. Le cas échéant, c’est pratiquement une demi-journée. Cette route, en reconstruction, est pleine de nids d’hippopotames, de boues par endroits. La poussière, n’en parlons pas. Cette route, si on peut toujours l’appeler ainsi, est pleine d’autres entraves, des camions renversés ou embourbés un peu partout. L’autre calvaire, c’est dans les préfectures de Kissidougou et de Guékédou. D’abord la vingtaine de kilomètres entre Kissidougou et Guékédou. Là également, on affirme que des travaux sont en cours. On y voit des machines, des personnes déambuler. Et c’est tout. Le reste, que de la boue. Vient ensuite le célèbre tronçon Guékédou-Kondenbadou. Entre 18 et 20 kilomètres. Une route en chantier depuis de nombreuses années mais dont on ne voit toujours pas le bout. Kissidougou-Kankan, 197 kilomètres bientôt impraticable. Quelques mètres de goudron çà et là. Le reste, ce sont deux vieux ponts qui peuvent céder à tout moment et de gros trous. Les fonds ont pourtant été débloqués à un moment pour la reconstruction de cette route, mais plus rien.

L’enfer de Tokounou

L’information a fait les choux gras de la presse pendant des jours. Le chef de l’opposition et son cortège ont fait face à une embuscade à Tokounou, localité située à une centaine de Kilomètres de la ville de Kankan. Des jeunes hargneux avaient l’envie d’en finir. Au tout début, ils étaient peu nombreux. La garde de La Petite Cellule Dalein mourrait, elle aussi, d’envie d’en finir, au point que certains ont voulu directement se jeter sur les ‘’coupeurs de routes ‘’. ‘’Laissez-nous les dégager avec leur barrage’’ ; ‘’ Nous devons les discipliner’’ marmonnent les gardes. Pendant ce temps, la dizaine de flics faisait semblant de négocier. Le prési de l’UFDG dans son véhicule, vitres baissées, est resté calme, serein. Il a même discuté avec certains qui ont osé s’approcher. « Nous pouvons vous laisser passer, mais devant ce n’est pas bon. Il est bon que vous vous retourniez ici » déclare un de ces jeunes. Un vieux, à première vue, qui a l’air d’un souffrant de handicap mental avait son téléphone et appelait : « Venez vite Dalein est là, venez ils sont nombreux, informez les villages ». Les villageois débarquent de partout. Chez le reste du cortège, c’est la peur et même le tremblement. Les versets coraniques s’échangent en nombre. Un ouf de soulagement qui ne dit pas son nom, au point que quand le cortège s’est extirpé du danger de Tokounou, la moitié du cortège s’est arrêté pour se mettre à l’aise. Mais la joie fut de courte durée. A la sortie de Faranah, un des véhicules du cortège est pris à partie par des militants du parti au pouvoir : « Allons au camp pour nous mettre à l’abri » suggère un conseillé de l’UFDG. Les gardes qui étaient dans le véhicule, pourtant identifiables de par leur gilets, ont crié : « Ce sont des journalistes, ce sont des journalistes ». Les agresseurs, eux, ont tenté en vain d’incendier le véhicule.

Des accidents un peu partout

Le prési de l’UFDG a été accueilli partout où il est passé par des milliers de personnes et de centaines de motards. Des motards, souvent imprudents et emportés par la ferveur, font dans la folie. Trois, quatre et même cinq sur un seul engin, très souvent sans casques. Et ils roulent dans tous les sens. Cela a causé d’énormes accidents. 19 seulement entre les villes de Macenta et de N’Zérékoré dont deux cas graves. Une dizaine entre Kissidougou et Guékédou, une quinzaine à la sortie de la ville Mamou. Des nombreux autres à l’occasion du retour de la Petite Cellule Dalein Diallo à Cona-cris hier. Deux personnes ont succombé d’ailleurs à leurs blessures à l’hôpital de l’Amitié Sino-guinéenne. Deux femmes résidant au quartier Wanindara, qui ont fait un accident entre Bambéto et Hamdalaye.

La désorganisation

Le principal défaut de l’UFDG dans cette campagne électorale. Cette tournée a certes mobilisé beaucoup de monde, des bains de foule un peu partout. Mais à un moment donné, la communication a manqué. Le programme n’est connu que par l’équipe restreinte de la bosse du parti. Les autres, notamment les médias naviguent à vue. Des ordres, des contre ordres, des va et viens, peu de personnes savaient clairement ce qui se passait. « On bouge, non on passe la nuit ici, non on bouge finalement » c’est la phrase qui a résonné pendant cette tournée, surtout après les événements de Tokounou.

Yacine Diallo