Le génocide n’est pas tombé du ciel. Il se prépare. Parfois minutieusement. Comme le génocide arménien de 1915, il a été précédé plusieurs décennies plus tôt par des massacres de masse. Comme la Shoah de 1941, il a été préparé par un conditionnement des esprits. Dans l’Allemagne hitlérienne, les juifs étaient présentés comme des « rats ». Sur les ondes de la radio Mille collines, les Tutsis étaient désignés sous le nom d’ « Inyenzi », de « cancrelats »… On déshumanisait les futures victimes.
Le projet génocidaire rwandais n’a pas été mis en œuvre tout de suite, dès le 7 avril 1994 au matin. Les premiers jours qui ont suivi l’attentat contre l’avion du président Habyarimana, les extrémistes hutus ont commencé à massacrer les Tutsis et les Hutus modérés, mais ont été gênés par la présence de quelque 2 500 casques bleus. C’est pourquoi ils ont tué dix soldats belges. Ils devaient assurer la sécurité de la Première ministre Agathe Uwilingiyimana qui sera assassinée dans les premières heures des massacres. Tout ou presque, avait été planifié. On n’en est pas là encore en Guinée, mais aucune précaution n’est de trop. Sans chercher à créer la suspicion, encore moins la psychose.