Puisqu’il est prouvé que les nations sont pérennes, la Guinée survivra sûrement au poison Alpha Condé. Par chance, la jolie petite terre qui nous a vus naître, est déjà passée par la dure expérience de la mythridatisation (le fait de s’accoutumer à un poison). Un peuple qui a survécu tour à tour à Sékou Touré, Lansana Conté, Dadis Camara et Sékouba Konaté est forcément immunisé contre la toxine de la dictature. Comme s’il voulait nous punir d’on ne sait quel péché originel, le sort a placé notre indépendance sous le signe de la monstruosité. Mon dieu, que de sottises et de haines, que de crimes, que de mensonges, que de magouilles ! 62 ans d’Indépendance, 62 ans d’inepties et de bassesse humaine ! Dieu a fait exprès de placer à la tête de notre pays des démons en lieu et place de dirigeants. Regardez donc nos routes, nos maisons, nos écoles, nos hôpitaux ! Un ennemi héréditaire n’aurait pas fait pire ! Aucun aspect de notre vie nationale n’a échappé au souffle ravageur du banditisme politique. Même les plus sacrés, les plus symboliques ! Par exemple, pas une ethnie qui n’ait été insultée, dénudée, affamée rien que pour le plaisir sadique des minables qui se sont succédés à notre tête.
Malgré ou à cause de cela, le tissu national a tenu et l’espoir de vivre ensemble dans la solidarité et dans la paix est plus vivant que jamais. C’est vrai que l’Histoire est passée par-là. Puissants facteurs de brassage génétique et culturel, nos empires et royaumes ont créé entre nous des liens que ne peut rompre le premier aventurier politique venu. En dépit des foudres et des bourrasques, le mot « Guinée » n’a jamais été rayé de nos esprits et de nos cœurs. Et je suis sûr que demain quand le bon sens et la raison auront succédé à la mâmaya sanguinaire d’Alpha Condé, ce mot gardera encore pour nous tous, la fraîcheur du jasmin et la solidité de l’airain.
En attendant, nous devons prendre conscience que ce dimanche 18 Octobre n’était pas n’importe quel jour, c’est l’élection de tous les dangers. Alpha Condé et son premier ministre ont déjà annoncé la couleur. « Nous n’allons pas à une élection, nous allons à la guerre !» a dit l’un ; « il faut mettre le feu sur le FNDC ! », a renchéri l’autre. J’espère que la Communauté Internationale et la presse ne dorment pas et que ces mots irresponsables, hautement incendiaires ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd.
Oui, oui, ces gens veulent et la guerre et c’est comme si la guerre était déjà là. Cellou Dalein Diallo a été empêché de fouler le sol de Kankan ; Ousmane Kaba, celui de Siguiri. Il faudra bientôt un pass pour se rendre d’un endroit du pays à un autre comme en Afrique du Sud au temps de l’apartheid.
Vous avez dit « Arc-en-ciel » ?
Ces gens s’en foutent que la Guinée brûle. Ils ont accumulé suffisamment de diamant et d’or en Suisse, aux Îles Vierges et ailleurs pour s’y réfugier en cas de besoin. Mais nous, je veux dire, l’immense majorité des Guinéens, nous n’avons nulle part où aller. Nous n’avons pas de pays de remplacement.
Une guerre ethnique ne profiterait qu’à Alpha Condé et à son clan ! Ne tombons pas dans leurs pièges ! Ce qui s’est passé à Labé, à Dalaba, à Kankan et à Siguiri n’a rien d’ethnique. C’est une manipulation politique qui vise à diviser pour régner ; à semer le cafouillage afin de pouvoir tricher dans les urnes ! Heureusement, les Guinéens ont compris : le mensonge d’Alpha Condé ne passe plus. Demain quand notre professeur Tournesol aura sombré dans les méandres de l’Histoire, la Guinée sera toujours là, plus belle et plus unie que jamais !
Comme le disait Abraham Lincoln : « On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple, une partie du temps mais on ne peut tromper tout le peuple, tout le temps. »
Tierno Monénembo