La candidate du FAN (Front pour l’alternance nationale) au scrutin présidentiel, Makalé Camara, n’a pas pu voter le 18 octobre. Elle n’a pas retrouvé sa carte d’électeur, car faisant partie des deux millions d’électeurs radiés par la CENI, Commission électorale nationale indépendante. Au lendemain du scrutin, lundi 19 octobre, le porte-parole de la CENI, Mamady 3 Kaba, a indiqué que la candidate du FAN avait été enrôlée en 2015 à la chancellerie de la République de Guinée à Paris. «Commandité par l’ensemble des acteurs du processus électoral, l’audit complet de 2018 avait recommandé que tous les électeurs devraient passer devant les machines, et que cela était la condition du maintien dans le fichier. Après cet audit, la veille du double scrutin du 22 mars 2019, 2 millions 4 cent 38 mille 992 de nos concitoyens n’ont pas pu prendre part à ce double scrutin pour la simple raison qu’ils n’ont pas satisfait à la première recommandation de l’audit de 2018. Et ensuite, les pièces qui auraient servi à leur enrôlement n’auraient pas été archivées. Donc, les deux missions de la CEDEAO et de l’Union africaine ont donc recommandé la mise à l’écart de ces électeurs qui sont qualifiés de problématiques », explique Mamady 3 Kaba. C’est «alors, nonobstant qu’il y ait eu une révision à titre exceptionnel en novembre 2019, une autre révision à titre exceptionnel a lieu du 20 juillet au 3 août 2020. Et pour cette révision à titre exceptionnel, il était impératif que ce groupe d’électeurs problématiques passe devant les machines et quiconque ne passait pas, serait extirpé du fichier. Et donc, Madame Makalé Camara est dans ce groupe, car elle n’est passée devant les machines lors des deux dernières révisions à titre exceptionnel. La révision de novembre 2019, la révision à titre exceptionnel du 20 juillet au 3 août 2020, elle ne s’est pas présentée devant les machines et donc, elle est radiée du fichier conformément aux recommandations des différents audités.»
Mamady 3 Kaba a souligné que la CENI ne peut «nullement prendre un acte délibéré contre elle. Et, c’est pour cette raison qu’elle était munie de l’ancienne carte d’électeur qui a servi pour le double scrutin dernier. Et, la CENI a fait une communication suffisante pour dire que les anciennes cartes ne peuvent plus servir pour la présidentielle du 18 octobre 2020.»
Dans un entretien accordé à nos confrères d’Africaguinée ce 19 octobre, la candidate du FAN a laissé entendre qu’«ils ont égaré» sa carte comme pour la plupart des Guinéens. «Beaucoup de Guinéens n’ont pas voté, juste parce qu’ils n’ont pas pu retrouver leur carte. Ce qui est curieux, dans ma famille, chacun a reçu sa carte. Les enfants avec lesquels je suis allée me faire recenser ont leur carte et ont voté. Ensuite, ils disent que je ne me suis pas fait recenser. C’est notre pays, ce qui fait que notre pays a besoin de changement. Ces choses sont inacceptables. A la limite, on expulse du fichier les fictifs mais pas quand même une personnalité connue et reconnue comme moi. En plus, une candidate aux élections présidentielles. Ils auraient pu faire une dérogation. Qu’est-ce que voulez que j’en dise plus ? Ce pays est comme ça aujourd’hui.» La veille, elle avait indiqué vouloir porter le cas devant la communauté internationale.
Yaya Doumbouya