A l’occasion de la première mission de Reporters sans frontières (RSF) en Somalie, le président s’est engagé à poursuivre les efforts entrepris en faveur de la liberté de la presse. Le Premier ministre a annoncé qu’un moratoire sur les arrestations de journalistes serait bientôt décrété et appliqué.

 Lors d’un entretien inédit avec le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, le président de la Somalie Mohamed Farmaajo a pris l’engagement de poursuivre la lutte contre l’impunité et s’est dit favorable au principe d’un moratoire sur les arrestations et détentions de journalistes pour des faits commis dans l’exercice de leurs fonctions.

Au cours d’un entretien qui a suivi avec son tout nouveau Premier ministre Mohamed Hussein Roble, ce dernier a annoncé que ce moratoire serait prochainement adopté. Une réflexion sur sa mise en œuvre est déjà en cours. Ce projet fait partie des recommandations portées par RSF et Nusoj depuis plusieurs mois.

Ces rencontres se sont déroulées ce mardi 27 octobre à la Villa Somalia, siège du pouvoir à Mogadiscio, en présence du responsable du desk Afrique de RSF, Arnaud Froger, et du secrétaire général du Syndicat national des journalistes somaliens (Nusoj), Omar Faruk. La délégation a également rencontré le nouveau ministre de l’information Osman Abokor Dube.

Cette annonce représente un engagement important pour la protection des journalistes en Somalie. En 2019, au moins 25 journalistes ont été privés de leur liberté, souvent pour quelques jours, voire quelques semaines, du fait d’arrestations arbitraires par les services de sécurité. Et ce chiffre sera dépassé cette année.

La délégation de RSF a également plaidé pour une nouvelle révision de la “loi sur les médias”, dont la dernière version, promulguée en août dernier, présente des dangers importants au-delà des avancées par rapport à la version de 2016.

“Ce moratoire va constituer une avancée majeure pour les journalistes somaliens, dans un pays trop longtemps plongé dans les abîmes du classement mondial de la liberté de la presse, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Nous encourageons le président et l’ensemble du nouveau gouvernement somalien à poursuivre les efforts pour améliorer l’environnement des journalistes et favoriser l’émergence d’une presse libre, indépendante et de qualité.”

“Il s’agit d’un engagement historique et inédit qui va contribuer à mettre fin aux arrestations arbitraires et parfois aux détentions illégales des journalistes somaliens, estime Omar Faruk Osman, secrétaire général du Nusoj. Nous nous efforcerons de suivre sa mise en œuvre que nous espérons dans les plus brefs délais”.

A l’approche des élections parlementaires prévues en décembre et du scrutin présidentiel en février 2021, RSF a également plaidé pour la mise en place urgente d’un mécanisme dédié à la sécurité et à la protection des journalistes avec la nomination de points focaux dans tous les ministères et administrations concernés. La Somalie demeure l’un des pays les plus dangereux au monde pour les journalistes. Cinquante professionnels de l’information y ont été assassinés au cours de la dernière décennie, soit près de la moitié de tous les reporters tués en Afrique subsaharienne pendant la même période.

Des signaux encourageants ont été envoyés ces derniers mois afin de lutter contre l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes somaliens. Un policier a été condamné par contumace pour le meurtre d’un journaliste et deux militaires ont été sanctionnés et arrêtés pour des actes de maltraitance lors d’une interpellation de reporters. Un procureur spécialisé dans les enquêtes concernant les assassinats de journalistes vient également d’être nommé. Il lui faudra disposer des moyens nécessaires pour mener ses enquêtes à terme.

La Somalie figure à la 163ème place du Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF.

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