Dans une interview à Jeune Afrique, le Président français, Emmanuel Macron, estime que “la situation est grave en Guinée”. Il regrette que le président Alpha Condé, réélu en octobre, ait “organisé un référendum et un changement de la Constitution uniquement pour pouvoir garder le pouvoir”. Dans cet entretien publié vendredi 20 novembre, le Chef de l’Etat français n’est allé de main morte pour déplorer les événements dans le pays d’Alpha Condé: “Je pense que la situation est grave en Guinée pour sa jeunesse, pour sa vitalité démocratique et pour son avancée”.  Alpha Condé. 82 ans, a été réélu au premier tour le 18 octobre avec 59,50% des suffrages mais l’opposition a dénoncé des irrégularités de toutes sortes après une campagne électorale troublée.

  “Le président Condé a une carrière d’opposant qui aurait justifié qu’il organise de lui-même une bonne alternance. Et d’évidence, il a organisé un référendum et un changement de la Constitution uniquement pour pouvoir garder le pouvoir. C’est pour cela que je ne lui ai pas encore adressé de lettre de félicitations”, assène Emmanuel Macron. Interrogé sur cette présidentielle et celle en Côte d’Ivoire, également controversée, Emmanuel Macron souligne que “la France n’a pas à donner de leçons. Notre rôle, c’est d’en appeler à l’intérêt et à la force qu’a le modèle démocratique dans un continent de plus en plus jeune”. Le président français déclare “penser vraiment” qu’Alassane Ouattara, 78 ans, “s’est présenté par devoir” à la présidentielle du 31 octobre alors qu’il ne le “voulait pas”. La crise électorale a fait 85 morts en trois mois. “Il appartiendra au président Ouattara de définir les termes d’une vie politique pacifiée. Il devra sans doute faire des gestes d’ouverture dans la composition du prochain gouvernement ainsi qu’à l’égard des jeunes générations des partis politiques. … Dans un pays où plus de 60% de la population a moins de 35 ans, il serait bon que le prochain président ait moins de 70 ans”.

  Le chef de l’Etat français estime par ailleurs que l’ancien chef rebelle et ex-Premier ministre Guillaume Soro, qui a appelé à l’insurrection, “n’a pas à créer le désordre”. “Je crois qu’il n’est plus en France pour en parler. Nous ne souhaitons pas qu’il mène des actions de déstabilisation depuis le sol français”, conclut-il.

Avec l’AFP