Le procès de Saïkou Yaya Diallo s’est poursuivi ce 9 novembre au tribunal de première instance de Dixinn. L’activiste, responsable des questions juridiques du FNDC, est accusé par dame Aminata Traoré en service aux Renseignements généraux, de menaces, injures,  violence et voie de faits. L’audience de ce lundi a tourné autour des réquisitions du ministère  public et les plaidoiries de la partie civile et de la défense.

Le conseil de la plaignante a ouvert le bal : «Ma cliente a été séquestrée, injuriée, filmée. Saïkou Yaya Diallo, Aissatou Barry et autres l’ont torturée, en menaçant de la livrer aux gens de l’Axe du Mal. En lieu et place d’une plainte, ils se sont rendu justice. Ils ont fait venir un huissier qui n’a pas qualité d’auditionner une personne. » L’avocat ne demande pas particulièrement au tribunal de condamner SaïkouYaya Diallo à une peine de prison ferme. Il réclame plutôt du prévenu le remboursement des biens que sa cliente aurait perdus : «Madame Aminata Traoré a perdu 4 téléphones et son agenda. La partie civile souhaiterait que justice soit faite en lui restituant ses biens. Nous souhaitons que justice soit rendue avec le dernier degré parce que ces personnes sont des dangers publics.»

Les plaidoiries de la partie civile ont poussé le procureur, Sidy Souleymane N’Diaye, à réagir pour, dit-il, éviter des amalgames. «Saïkou Yaya Diallo est renvoyé devant le tribunal correctionnel seul. Il est accusé de menaces, d’injures, de violence et voie de faits. Les autres infractions citées ne sont pas dans la procédure. Cette précision est importante pour que le tribunal ne se trompe pas.» Ces propos du ministère public font allusion au mot séquestration, mais aussi à d’autres personnes que la partie civile a citées.

Dans ses réquisitions, Sidy Souleymane N’Diaye a indiqué que les infractions de violences et voie de faits ne sont pas imputables à Saïkou Yaya Diallo. Il articule ses arguments autour de menaces et d’injures publiques et demande  au tribunal de retenir Saïkou Yaya Diallo dans les liens de la culpabilité : «Le prévenu a délibérément menacé de mort madame Aminata Traoré. Cette seule infraction vous permet d’entrer en condamnation. Qu’il vous plaise de retenir Saïkou Yaya Diallo dans les liens de prévention,  d’une part parce qu’il a affirmé qu’il allait attenter à la vie de madame Aminata Traoré, d’autre part, parce qu’il a tenu des propos désobligeants à l’encontre de la cliente.» Pour la répression, Sidy Souleymane N’Diaye n’est pas allé du dos de la cuillère : «Condamnez Saïkou Yaya Diallo à 5 ans d’emprisonnement et au paiement de deux millions de francs  guinéens d’amende.»

Des arguments détricotés un par un par le bâtonnier, Me Mohamed Traoré : «Il y a eu trop de contrevérités, de mensonges éhontés dans cette procédure. En écoutant monsieur le procureur, j’ai de la peine. Je vais vous dire combien de fois cette dame est de mauvaise foi. Aminata Traoré est allée jusqu’à dire que c’est moi qui ai donné l’ordre à Saïkou Yaya Diallo de l’arrêter, de la ligoter et de l’interroger. Quand ils l’ont arrêtée, Saïkou Yaya m’a demandé au téléphone s’ils pouvaient la déposer dans un commissariat de police, je lui ai dit de vérifier qu’elle n’a pas sur elle des choses qui les compromettraient et de la libérer.  S’il avait l’intention de lui faire du mal, il ne m’aurait jamais demandé conseil. Si ce n’était pas grâce à des gens comme Saïkou Yaya,  cette dame aurait été lynchée.»

Yacine Diallo